LES CHRONIQUES DE FRANCISCO & Co

LES CHRONIQUES DE FRANCISCO & Co

LA VENGEANCE AUX DEUX VISAGES, pur Brando

Western          Balade mélancolique

Marlon Brando 

*****  

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Ravissement.

Un Blu-ray inespéré.

La première émotion c'est la découverte du prodigieux travail de restauration.

On peut même parler de miracle tant le travail accomplit par la Film Fondation des maîtres Scorsese et Spielberg délivre à jamais le talent d'une légende du cinoche. Un acteur qui était non seulement beau et charismatique à crever mais s'est révélé ici un authentique cinéaste avec un style flamboyant et un regard profond sur l'homme et les sentiments qui l'agite. Adoré ou détesté, Brando était un génie. Il y eu un avant et un après. Point barre.

 

Adieu le western intime et poétique mais violet et à moitié flou, hello le chef-d'oeuvre à la photographie chaude et profonde ! Le travail de l'immense chef-op que fut Charles Lang (L'Homme de la Plaine, Le Dernier Train de Gun Hill ou Les Sept Mercenaires) retrouve enfin son plein éclat. Le faste ainsi restauré, tous ceux qui ne connaissent pas ce film vont s'installer confortablement dans leur canapé et découvrir que l'acteur alors adulé d'Un Tramway nommé Désir et  Sur les Quais nous a offert bien plus qu'un simple western.

 

 

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Encore une fois, Brando va surprendre et tout changer.

Du genre, il fait voler les repères en installant l'action dans une petite ville de bord de mer. Plan fabuleux et inédits de cow-boys longeant une côte travaillée par des hautes vagues se brisant sur les rochers. Dans ce climat follement romantique (Brando l'était, il souffrira toute sa vie de son étiquette de sex-symbol qu'il massacra allègrement à grands seaux de glace vanille) le cinéaste s'expose comme jamais. Son premier film en tant que réalisateur est bel et bien "son" film. Intègre à filer un infarctus à son producteur, fidèle à sa personnalité authentiquement rebelle, Marlon Brando imprime sa marque sur chaque plan. Et il prendra le temps de le faire. Le tournage débordera de tous les côtés. Planning, budget etc...  Du caprice? Non, de l'exigence. Et aujourd'hui, grâce à cette restauration admirable, le résultat est là.

 

Le style s'impose, porté par un rythme langoureux.

À l'image de son jeu  silencieux et minimaliste (c'est l'avantage du charisme, n'avoir aucun effort à faire pour dévorer l'écran)  Brando refoule les gunfights et autre réglements de compte au second plan en prenant même bien soin de leur ôter toute dimension héroique. Je vous le disais, La Vengeance aux deux visages n'est pas vraiment un western. C'est d'abord le portrait intime de Marlon Brando.

 

Tout passionne Brando dans ce scénar de Calder Willigham (Les Sentiers de la Gloire, Spartacus, Little Big Man) inspirée d'une trahison quasi biblique (Billy le Kid VS Pat Garrett) à commencer par le trajet, les mouvements intérieurs. Parcours intérieurs d'êtres tourmentés par la vengeance, l'amour ou la culpabilité. Comme dans toutes tragédies dignes de ce nom, les plus grands thèmes y prennent leur envol. La loyauté l'amour et le pardon contre la violence et le mensonge.

Le regard sur l'homme ici est d'une grande profondeur. Pour un film de près de soixante ans le discours et les enjeux restent universels et continuent d'émouvoir. Ce qui nous amènent tranquillement à la seconde émotion que procure ce film unique et magistral :  La direction d'acteur ! Que du beau monde autour du géant. 

 

 

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Karl Malden.

Ce grand pote et complice de Brando depuis Sur les Quais et Un Tramway, compose ici un salopard d'anthologie. Trente ans plus tard, Gene Hackman, dans le grandiose et testamentaire Impitoyable d'Eastwood, lui rendra un hommage appuyé dans son rôle de shérif sadique.

Si le grand Sam Peckinpah travailla à une première mouture du scénario avant de jeter l'éponge (Kubrick fit de même) on retrouve également un de ces fidèles compagnon d'arme à l'écran, le big : Ben Johnson. Ici complice maléfique du personnage de Brando, son regard enfiévré en impose sérieusement et laisse planer une belle intensité sur les menaces et les drames à venir.

 

Et puis il y a celle par qui tout arrive.

L'ange capable de libérer le héros de la violence et du mensonge. L'actrice mexicaine Pina Pellicer.  La gravité du timbre de sa voix, la douceur de son visage et la tristesse de son sourire bouleversent immédiatement. La marque d'un être à vif, porté par ses émotions. Sa fragilité, perceptible à l'écran participe à la perfection de son interprétation. Une sensibilité à fleur de peau qui, hélas, lui rendit la vie douloureuse. l'actrice mit fin à ses jours trois ans plus tard. Redécouvrir ce grand film est le plus bel hommage à lui rendre. Parce que La Vengeance aux deux visages est aussi un grand film d'amour.

 

 

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L'amour du jeu.

Cette éclatante distribution a trouvé avec Brando-réalisateur un terrain fabuleux. Alignant des kilomètres de rushs (on parle d'une version perdue de 5h30) Marlon laissa la part belle à l'improvisation. Et ça a payé ! L'increvable force de ce film repose aussi sur ces moments de grâce. Assister à l'évidence d'une partition jouée à la perfection par de grands acteurs. Un caviar d'interprétation dont on se régale encore aujourd'hui (en VO, of course)

 

En 1961, Brando impose ainsi un décor, un rythme, une rigueur de mise en scène, et une manière d'être à l'écran qui annonce déjà le cinéma à venir. Je ne vais pas m'étendre davantage et vous laisser le découvrir ou le redécouvrir. J'espère vous avoir un poil motivé à posséder dans votre Blu-raythèque ce pur joyau. La certitude d'avoir sous la main une oeuvre avant-gardiste, un moment charnière dans l'histoire du cinéma, bref, une pièce unique.

 

 

 

 Francisco,

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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              Poésie encore : visite de Jacques Tati sur le tournage 

 

 

 

 

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1961

 

2H20

 

LE BLU-RAY : Quelqu'un à un kleenex? Non c'est parce que j'ai un peu pleuré. J'avais oublié ce qu'était une "vraie'restauration, respectueuse du grain et de toute la matière argentique, rendant aux couleurs leurs plein éclat, soulignant voluptueusement les contrastes et la profondeur de la défunte et regretttée VistaVision. Je ne m'attendais pas à une telle précision, un tel niveau de détail.  Un soixante ans d'âge brillant de mille feux est toujours un grand moment de cinévore collectionneur. 

Merci Martin et Steven!   Merci la Film Foundation !!!

 

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Writers:

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20/07/2018
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