LES CHRONIQUES DE FRANCISCO & Co

LES CHRONIQUES DE FRANCISCO & Co

BLADE RUNNER, les cinévores rêvent-ils de licornes en papier?

SF    Anticipation    Film noir     Méditation     Cultissime 

Ridley Scott 

*****

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-   Qu'est-ce qui vous pose un problème ?
-   La mort.
-   La mort ? Mais j'ai bien peur que ce soit en-dehors de ma juridiction.
-  Je veux plus de vie, père.

 

 

 

Blade Runner ne vieillira jamais.

Splendeur glaçante d'un Los-Angeles tentaculaire, gigantesque Métropolis, où les Spinner peinent à s'arracher à la gravité pluvieuse et obscure d'un futur ou les rêves ne s'affichent plus que sur de gigantesques écrans publicitaires...

L'humanité qui s'y agglutine semble désincarnée et la solitude accompagne tous les personnages. De l'ex-flic, Deckard, aux réplicants, ces androïdes devenus plus vivants que les humains. Tous vont voir se diluer le sens de leur existence et la perception de leur identité dans la lente et mélancolique traque qui les lient. Une atmosphère de fin du monde souvent imitée mais jamais égalée depuis. Si je parle d'atmosphère c'est que le decorum constitue ici le coeur de ce prodige visuel.

L'artisan de ce miracle est Douglas Trumbull, le magicien des effets spéciaux qui a imposé 2001 et Rencontres du 3ème type en références incontournables avant de signer les visions astrales de The Tree of Life. Ici il s'est surpassé. Dès l'ouverture, les spectateurs gavés d'effets numériques que nous sommes reprennent pied dans une saine matérialité.

Somptueusement photographiées par Jordan Cronenweth ( Au-delà du réel, Cutter's Way) Ces visions inoubliables de gratte-ciel en abîmes, les costumes et les éclairages aux néons de ce gigantesque monstre de cinéma alimentent aujourd'hui encore la matrice de toute la SF contemporaine. Et tout ceci de prendre son envol grâce à la musique de Vangelis. Comment ne pas citer alors mon frère de chronique, Spinaltap: "Space-Opéra cosmique aux synthétiseurs envoûtants qui illustrent à merveille le désenchantement ambiant de ce chef-d'œuvre noir et le spleen de ses personnages. Une partition indissociable de ces images sublimes."

 

 

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Vous trouverez ici et là sur le net une foule d'analyses et de décryptages passionnants concernant cette oeuvre fascinante. Le pouvoir d'attraction de cet univers dystopique n'a rien perdu de sa puissance. Considéré comme un semi-échec lors de sa sortie sur le territoire américain, c'est en Europe et notamment chez nous que son statut d'oeuvre culte a été érigé.  Le caractère sombre, violent et dépressif de l'ensemble tranchait radicalement avec l'univers alors triomphant du space-opera ou les grosses frayeurs du Slasher SF façon The Thing.

 

Le spectateur qui avait tremblé devant Alien fut probablement désorienté en plongeant dans ce gouffre poisseux et obscur, conçu par un jeune réalisateur visionnaire alors adulé. La quète existentielle des réplicants et le spleen de leur poursuivant n'avait plus le charme rassurant d'une SF soigneusement balisée aux héroïque morceaux de bravoure.

 

 

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L'ex-flic Deckard, c'est le Philip Marlowe de demain, menant son enquête avec cette élégante nonchalance à la Bogart, dans les pas d'une brune au charme fatal. Mais c'est un héros usé, alcoolique, insomniaque et taiseux, flinguant sans trop d'états d'âme de magnifiques androïdes au coeur d'un univers aussi foisonnant que dépourvu de sens. Le design rétro-futuriste et le jeu permanent des ombres et lumières accentuent ce lien au film noir tandis que l'ambiance, les costumes et maquillages des criminels répliquants posent ici les bases de l'imagerie cyberpunk. A ce titre, la puissante cinégénie des ténèbres pluvieuses du Los-Angeles 2019 ont marqués les Wachowski. Leur trilogie Matrix multiplie d'ailleurs les clins d'oeils et références au totem de sir Ridley.

 

Blade Runner n'a pas surgit du néant.

L'univers, l'intrigue et les personnages constituent une extrapolation magnifique du court roman de Philip K. Dick publié en 66 " Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques?". Quelles sont les limites de l'intelligence artificielle?,  où commence la conscience? l'empathie?. Qui est le plus humain entre l'homme et la machine, dans un monde écologiquement dévasté aux populations écrasées ? l'essence du livre est bien là. On comprend l'enthousiasme de K. Dick à la lecture du scénario de Hampton Fancher et David Peoples (Impitoyable, l'Armée des 12 Singes)

 

 

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Harrison Ford, alors au sommet de sa gloire, s'avoua un peu désorienté dans ce tournage titanesque. Un égarement qui profite pleinement au rôle. Ses regards tristes et perdus rendent plus authentique encore la lassitude du personnage. Un mélange de force et de fragilité qui fait de Deckard l'icône futuriste du héros désabusé. Un modèle pour tous ces portes-flingue au regard ténébreux qui peuplent aujourd'hui la SF aussi bien au ciné qu'en BD, que dans l'univers des jeux vidéo.

 

La galerie de personnage qui hante ce film est tout aussi marquante. Les charismatiques et puissants replicants dont le mentor est un Rutger Hauer statuaire et princier, secondé par les somptueuses Sean Young et Darryl Hannah dans leur premiers grands rôles. Pathétique J-F Sebastian, le généticien se fabriquant ses robots de compagnie pour tromper sa solitude. Et la présence inquiétante de Gaff, le messager, déposant ici et là ses origamis comme autant d'indices quant à la finalité du parcours de chacun.

 

 

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Un petit mot sur le transfert HD.

On a déjà tout écrit sur ce nouveau master 4K qui en 2007, lors de la sortie du Blu-ray, a été accueilli comme une épiphanie. A le revoir aujourd'hui sur un écran à l'uspcaling 4K, on salue encore bien-bas ce travail admirable de restauration. 35 ans après le tournage, les images 35 et 70 mm irradient comme "de grands navire en feu surgissant de l'épaule d'Orion". Respect absolu de l'aspect argentique. Un grain géré divinement et un niveau de détail qui sacralise définitivement le travail de maître Douglas Trumbull. Une véritable redécouverte que l'on savoure à genoux et des larmes plein les yeux.

 

33 ans après, Blade Runner continue de m'éblouir. Un requiem sombre, somptueux, violent, poétique et dramatiquement visionnaire, qu'une minuscule licorne en papier ramène au silence.

 

 

 

Francisco, 

 

 

 

                  

 

 

 

 

 

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" J'ai vu tant de choses que vous, humains, ne pourriez pas croire. De grands navires en feu surgissant de l'épaule d'Orion. J'ai vu des rayons fabuleux briller dans l'ombre de la porte de Tanhäuser. Tous ces moments se perdront dans l'oubli comme les larmes dans la pluie. Il est temps de mourir. "

 

 

 

Génie à l'oeuvre 

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Rutger 

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Trente cinq ans après...                                                                             Chronique

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Chroniques Ridley

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Edition Blu-ray Steelbook 2015 

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1982

 

1H55

 

 

LE BLU-RAY :       On a déjà tout écrit sur ce nouveau master 4K qui en 2007, lors de la sortie du Blu-ray, a été accueilli comme une épiphanie. A le revoir aujourd'hui sur un écran à l'uspcaling 4K, on salue encore bien-bas ce travail admirable de restauration. 35 ans après le tournage, les images 35 et 70 mm irradient comme "de grands navire en feu surgissant de l'épaule d'Orion". Respect absolu de l'aspect argentique. Un grain géré divinement et un niveau de détail qui sacralise définitivement le travail du maître des effets spéciaux Douglas Trumbull.

Une véritable redécouverte que l'on savoure à genoux et des larmes plein les yeux.

(J'exagère toujours un peu, c'est bon pour le coeur)

 

Directed by 

Ridley Scott

Writing Credits  

Hampton Fancher ... (screenplay) and
David Webb Peoples ... (screenplay) (as David Peoples)
 
Philip K. Dick ... (novel)

Cast (in credits order) verified as complete  

Harrison Ford Harrison Ford ... Deckard
Sean Young Sean Young ... Rachael
Rutger Hauer Rutger Hauer ... Batty
Edward James Olmos Edward James Olmos ... Gaff
M. Emmet Walsh M. Emmet Walsh ... Bryant
Daryl Hannah Daryl Hannah ... Pris

Full cast & crew

 

 

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16/10/2015
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