BABYLON, avis express (mais euphorique)

Dinguerie Drame épique Parabole déjantée

Damien Chazelle

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Loupé au cinéma et rattrapé dans l'écrin d'un superbe Blu-ray Steelbook, j'ai été totalement emballé par ce joyeux foutoir existentiel d'icônes du grand écran carbonisées sous le soleil artificiel d'Hollywood.

Voilà que déboule dans ma collection une réjouissante et foisonnante parabole sur l'incendie comme sur la mort du cinéma. Douloureuse époque du passage du muet au parlant où, pour beaucoup, la gloire en carton-pâte et les illusions cocaïnées n'ont pas franchi le mur du son et ont fait dégringoler les fausses idoles de la lumière aux ténèbres.

Du délirant au grotesque, du grandiose au vulgaire, le génial réalisateur du chef-d'œuvre Whiplash, de l'intense First Man et du généreux La La Land, se déchaîne, ose tout et se permet tous les excès en se foutant royalement de la bienséance. Je n'avais pas sniffé sarabande aussi dingue depuis Le loup de Wall Street.

Évidemment, on savoure le casting tarantinesque qui fait se croiser de nouveau le charismatique Brad Pitt et la sublime et électrique Margot Robbie. Tous deux s'abandonnent avec délice à l'ivresse mélancolique de cette fin d'un monde.

Tous sont soigneusement enveloppés dans l'écrin de la somptueuse photographie anti-carte postale et riche en matières de Linus Sandgren, à l'oeuvre pour Chazelle depuis La La Land. Sans oublier, toujours, la partition musicale emballante de Justin Hurwitz, fidèle au poste dès Whiplash.

L'osmose entre ces trois chef-d'orchestre, réal, directeur photo et compositeur, accouche d'un objet filmique à la facture visuelle et sonore totalement magnétique. Un spectacle qui vomit le tiède et s'impose en résistant, voir libérateur, dans le lisse paysage actuel.

Fou, puissant, impoli, rageur, teigneux et, au final, follement poétique, c'est bien toute la chair et l'amour du cinéma qui transpire et palpite ici.

Francisco,