LES CHRONIQUES DE FRANCISCO & Co

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THE CROSSING GUARD, sincère et viscéral

Tragédie                                                 

Sean Penn

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 - Would you take a couple days, and maybe think about not taking my life?

  

 

Jack Nicholson. David Morse.

Un face à face inoubliable.

Entre eux, la mort d'une petite fille.

 

Un deuil sans fin que chacun traverse à sa manière. Le père c'est Nicholson, tout cernes dehors et regard hanté. Énorme prestation. Son personnage, Freddy, noie son chagrin dans l'alcool en compagnie de quelques potes lourdingues et quelques copines du strip-club ou il passe ses soirées. Son ex-femme (impériale Angelica Huston) a refait sa vie. Pour s'occuper des deux enfants qui restent, elle "a choisi la vie". Freddy n'est plus que l'ombre de lui-même. Un petit bijoutier fatigué, qui fait des croix sur un calendrier en attendant la sortie de prison de l'assassin de sa fille.

L'assassin c'est John Booth. David Morse. Colosse au regard d'enfant. Ivre et au volant de sa voiture il a six ans plus tôt, dévasté toutes ces vies. La culpabilité le hante et il laisse venir à lui le père éploré. Ni l'amour de ses parents, ni celui de Jojo (magnifique Robin Wright) ne peuvent le sauver. L'affrontement semble inévitable...

 

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Il y a 20 ans, je sortais le coeur en vrac de la projection ciné.

Le regard humide, bouleversé par cette oeuvre viscérale sur le deuil, la culpabilité, la vengeance et le pardon. Aujourd'hui, je ressent toujours l'aspect viscéral de l'oeuvre mais  force est d'admettre que l'ensemble de ces thèmes, que Sean Penn n'a cessé d'illustrer tout au long de son passionnant parcours de cinéaste, sont abordé ici d'une manière un peu trop frontale et parfois maladroite ou naive. Beaucoup de gros plans et quelques ralentis insistants, viennent sur signifier et alourdir le propos.

Coté photographie, en revanche, il faut rendre hommage ici au grand directeur Vilmos Zsigmond, récemment disparu, qui a signé les images de quelques piliers des seventies (Sugarland Express, L'épouvantail, Rencontre du Troisième Type, Voyage au Bout de l'Enfer). C'est lui qui est à l'oeuvre ici. Sean Penn souhaitant retrouver la patine et le grain propres aux grands films de ces années glorieuses ou le cinéma américain était au plus près de ses personnages. Dommage que ce travail sur l'image s'exprime sur un Blu-ray au master fatigué.

 

Sur le fond, Malgré les faiblesses évoquées et deux-trois moments surjoués, l'engagement des acteurs et la profonde sincérité du réalisateur-scénariste ne sont jamais prises en défaut. Le film de Sean Penn a du coeur et il tient encore bien la route.

Une histoire et des personnages solides défendus par d'immenses interprètes. Il a prit son petit coup de vieux, mais on y trouve un tas de scènes fabuleuses. Exemple : Le jouissif générique sur Nicholson, clope au bec, sourcils bien en l'air, évoluant dans un somptueux ralenti (celui-ci est totalement pertinent) au milieu de la foule des anonymes tandis que résonne le Missing de Springsteen. Ou encore, le même Jack en fin de soirée, assit au bord du lit, écoutant, ivre, hébété, les cheveux en vrac, la ridicule chanson d'amour qu'une des filles du club a composée pour lui sur un synthé à deux balles. Grand moment de solitude, au bord du gouffre...

 

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Le réalisateur qui signait là son second métrage, après un très beau et douloureux Indian Runner, emmènera Nicholson encore plus loin dans les ténèbres et d'une manière encore plus aboutie, six ans plus tard, avec The Pledge. Mais aucun de ses films inspire la tiédeur. Le cinéma de Sean Penn exprime déjà pleinement ici sa rage et son désespoir. Il pèche ici et là par excès mais c'est l'écume de la passion. Une véritable "envie de cinéma", pour reprendre l'expression de Spinaltap, et un élan qui aboutiront, 12 ans plus tard, au monumental Into the Wild. Magnifique parcours Promethéen restant à ce jour son film le plus solaire, au-delà de sa dramatique conclusion.

 

De l'élan et de la force, The Crossing Guard n'en manque pas et nous conduit bien là ou il veut nous enmener. Impossible de ne pas rester scotché aux parcours de Freddy et John. Jusqu'à ce final, bouleversant (too much, diront certains) Une conclusion, profondément humaniste, qui embrasse pour moi, tout le beau de la vie. Ce trésor enseveli sous l'amertume et la colère. Notre aptitude à la compassion et au pardon.

 

 

 

Francisco,

 

 

 

Face à face  

 

 

Wild Penn

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1995

 

1H45

 

 

LE BLU-RAY   Un transfert Blu-ray baclé. Ce n'est pas catastrophique mais tout reste à faire. Le master a fait son temps. Une restauration s'impose. Gestion du grain approximative, couleurs parfois délavées et précision aléatoire, la galette bleue n'invite pas vraiment à une redécouverte de cette oeuvre ô combien précieuse. 

 

 

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16/01/2016
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