LES CHRONIQUES DE FRANCISCO & Co

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TALE OF TALES, au musée de l'étrange

Conte                                               

Matteo Garrone

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Alors oui c'est très beau, mais quand même un poil artificiel.
Et pourtant, l'affiche, la bande-annonce, l'ambition et la démarche avaient grandement stimulé ma curiosité.

 

Sans plus attendre, plantons le décor. Tale of Tales nous ramène aux premiers temps des contes de fées. Avant même ceux de Perrault et des frangins Grimm. Nous sommes plutôt ici dans la lignée de Boccace et de son Décameron (adapté par Pasolini au début des années 70) Donc : Bienvenue dans le monde d’avant Disney !

Lorsque les histoires plongeaient rois et reines, princes et princesses, paysans et lavandières au coeur de récits cruels et  horrifiques, destinés à nous passer l’envie de cultiver le moindre vice. Des leçon de morale violentes, morbides à l'humour macabre et psychanalytiquement assez denses.

 

 

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Ici l’envie, l’obsession et la folie du désir gouvernent les trois récits de Tale Of Tales. 

Une reine prête à tous les sacrifices pour devenir mère. Un roi aveugle et sourd aux souhait de son enfant tout fasciné qu’il est par une puce qui deviendra rapidement une créature monstrueuse. Et l’histoire d’un autre roi, jouisseur invétéré, aveuglé par son désir pour une jeune paysanne qu’il imagine jeune et belle… Ces trois histoires s’inspirent donc de l’oeuvre de Giambattista Basile qui n’est plus un contemporain depuis déjà quelques siècles puisque les cinq volumes du Conte des contes furent publié dans les années trente du 17ème. Trois histoires qui, pour moi, on bien du mal à se marier.


Je citais, un peu plus haut, Pasolini et ce n’est pas pour rien. Je trouve que le film de Matteo Garrone cherche trop à jouer dans la même cour. Sans en avoir la chair ni la rage, ni la folie.  Les éléments de la féérie sont en place mais rien ne décolle car tout cela se déroule et s'emboite d’une manière trop polie et assez laborieuse. Ce bel ensemble respire pour moi le contrôle et la symbolique pesante. Tout y est visuellement somptueux. Aucun plan n'est négligé. Chacun est tiré au cordeau. Décors, costumes, cadres et photographie, la direction artistique force le respect. C'est beau. Très beau. Ne manque que l'étincelle.

Cette petite touche d'imprévu, voir d'imperfection sauvage qui réveille les tableaux des plus grands maîtres. Car, en parlant de tableaux, on ne peut nier que Tale of Tales comblera tous les amoureux de la belle image.

 

 

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Que se passe-t-il au final?.

Malgré quelques touches d’humour bienvenues, le récit a vite le souffle court.

Incapable de prendre de l’altitude puisque tout envol est impossible. Notamment à cause de son étrange construction. Improbable imbrication de trois récits partageant de trop près les mêmes thématiques et se freinant les uns les autres. Les lenteurs du développement et l’intérêt inégal des différentes intrigues semblent ne servir qu’un seul credo: « regardez comme je maitrise l'art de filmer mais, attention, je ne suis pas là pour vous divertir ». En matière de contes de fées, toute tentative d'analyse ou de recul sur son propre récit est fatale. Le tour de magie est privé de son prodige.

En prenant pied sur les fondamentaux l'imagination et la liberté d'écriture doivent se libérer, voir se déchaîner. Et sur le plan de la symbolique pesante le film se pose là. C’est bien dommage car les acteurs, Sublime Salma Hayek, fascinant Toby Jones et les magnétiques jumeaux albinos incarnés par Jonah et Christian Lees, sont dirigés de main de maître et leurs personnages avaient encore beaucoup à offrir. Seul Vincent Cassel semble avoir du mal à habiter son rôle mais son allure et sa présence assurent le job. Il faut dire que son histoire est, de loin, la moins passionnante des trois.

 

Restent, au-delà de toutes ces réserves, quelques tableaux fabuleux. Le scaphandrier et le monstre marin, La silhouette fantomatique d'un grand et maigre sorcier tout de noir vêtu au visage totalement impossible. Ce plan renversant de beauté sur « la traversée d’un pont » (symbolique forte) ou bien sûr l'iconique Salma Hayek mordant à belles dents dans le coeur énorme et encore saignant d'un monstre fraîchement écorché( plan Pasolinien par excellence) Il faut citer également cette séquence ahurissante de l'ogre poursuivant un funambule sur une corde aux dessus du vide. Idée magnifique. Autant de visions surprenantes qui me feront garder ce film dans ma collection, mais un peu caché.

 

Qu'a t'il donc manqué, à mon humble avis ? 

Que le scénario et la mise en scène lâchent les chiens, mordent, bousculent et me plongent au coeur de cet univers fascinant et  terrifiant, au lieu de me proposer cette visite posée, hautaine et distante au musée de l’étrange.

 

 

 

Francisco,

 

 

 

 

 

 

Un monde sans fées?                                                                                                  

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2015

 

2H10

 

 

LE BLU-RAY       Alors là, tout le monde sera d'accord, nous tenons ici un transfert HD  absolument féérique.

 

 

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(book), (screenplay) | 3 more credits »

 

 

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28/04/2016
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