RIVER, entre les vivants et les morts

Série Polar Fantastique

Abi Morgan

****

Là, vraiment, je viens de chopper un truc plus que pas mal sur Netflix : River. Donc, forcément, je partage.

Dans le monde des séries, après Broadchurch, The Fall ou Peaky Blinders, les anglais n'en finissent pas de m'éblouir. River ne ressemble à rien d'autre. 6 épisodes d'un portrait bouleversant, d'une enquête policière aux portes du fantastique et d'une douloureuse histoire d'amour. River, homme triste et fatigué, mais flic brillant. Attention, sa tristesse et sa solitude ont une explication de taille. Comme le petit garçon du Sixième Sens il possède un don particulièrement lourd à porter : il voit des gens qui sont morts.

Mais ne spoilons pas davantage.

Je peux simplement vous dire que la première séquence m'a littéralement cloué au fauteuil. Toutes ces "manifestations" de l'au-delà au coeur de l'univers réaliste et socialement bien ancré de l'enquête auraient pu facilement faire tâche ou virer à l'effet kisch mais elles sont exploitées ici d'une habile manière.

Par la grâce de la musique et du montage et dans l'écrin d'une photographie particulièrement soignée, le spectateur se laisse couler sans se débattre dans ses limbes où se débat le personnage de River. L'homme qui, comme son nom l'indique, se tient entre de deux rives. (Ouais, j'avoue, chui assez fort pour analyser ce genre de truc)

Bref, ainsi transfiguré, tout devient passionnant à suivre.

Sa "malédiction", au gars River, lui confère une intelligence redoutable de l'humain, une sensibilité à fleur de peau mais aussi une incapacité à "être" au monde qui le fragilise et l'abandonne, seul et incompris, aux portes de la folie. Son combat puissant, bouleversant, pour ne pas perdre la raison, rend le personnage irrésistiblement attachant. C'est, sur le plan narratif, un vrai plus en matière de séduction.

Précisons que la folle élégance de son spleen repose sur la haute silhouette de l'acteur suédois Stellan Skarsgard (vu aussi bien chez Lars Von Trier que dans les Avengers). Le regard penché, cabossé, emplit d'humanité, il accomplit ici des merveilles. Sa prestation vaut le détour et le reste du casting est parfaitement à sa place.

River, du grand Art?

yep. Il faut dire que sa partition est l'oeuvre de la créatrice Abi Morgan, plume ô combien talentueuse à décrire aussi bien la solitude des êtres que leur combat pour la vie puisqu'elle a signé les scénarios des pétillantes Suffragettes de Sarah Gavron comme celui du ténébreux Shame de Steve McQueen. Avec River, on tient la Rolls des nouvelles série à l'anglaise. Esthétique raffinée, densité et excellence de l'écriture.

Laissez-vous glisser !

Francisco,