LES CHRONIQUES DE FRANCISCO & Co

LES CHRONIQUES DE FRANCISCO & Co

PREACHER, ça partait tellement bien

Série    Comics     Fantastique     Trash-comédie    

Sam Catlin    Evan Goldberg    Seth Rogers

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- What's the fuck ?!!! 

 

s'exclame Scott, les oreilles dressées et la queue frétillante.

Scott c'est mon Jack-Russell.

Forcément il est devenu un peu cinéphile et il adore la castagne. Il vient d'assister à une baston mémorable dans un avion ou un vampire Irlandais vient de mettre la misère à une demi-douzaine de gus avant de se jeter dans le vide et d'atterrir tout boyaux dehors dans une plaine du Texas avant de boulotter toute crue une vache qui paissait par là.

- Ouais, enfin chui pas étonné de voir qu'aujourd'hui le meilleur du cinéma de genre s'exprime à la télévision où l'espace de créativité reste quand même plus ouvert que dans l'univers ultra-formaté et financièrement dévorant de la production ciné actuelle...  Répond Val, mon lévrier GalgoCe chien a quand même le don de m'épater. La plupart du temps prostré, voir endormi il cultive malgré tout l'art de la saillie impossible à contre-argumenter. La pertinence de cette réflexion est d'autant plus étonnante venant d'un être n'ayant jamais foutu les pattes au ciné. Mais bon, comment lui donner tort. j'ai davantage pris mon pied durant ces dix épisodes qu'au cours de toutes mes dernières sorties ciné. Oui. J'ai visionné Preacher Saison 1 le temps d'un week-end et "je m'ai régalé!" J'ai tout trouvé sympa dans ces dix épisodes d'un délire religieux bien redneck où un ex-truands-braqueur de banque a viré curé de campagne rock, picoleur, fumeur et castagneur dans un coin paumé du Texas.

 

 

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Ses messes sont assommantes et les quelques bigots qui s'y rendent s'y emmerdent copieusement. Il pense avoir trouvé la bonne planque et que sa nouvelle vie est là. Simple et tranquille. Seulement voilà, le pépére est dans une série. Et tout commence le jour ou notre Elvis du sermon est frappé par une mystérieuse entité, Genesis, lui conférant la faculté de faire plier les esprits. D'assommant le type va devenir gourou. Il va trouver face à lui un tandem d'anges un peu à la ramasse décidé à récupérer la mystérieuse entité (que ce soit en chantant ou à la tronçonneuse) et un magnat de la viande convoitant violemment les quelques arpents entourant l'église du Preacher (flippant Jackie Earle Haley, l'inoubliable Rorschach des Watchmen). Et là, ça va saigner sévère. La saison réserve quelques séquences viandardes d'anthologie. Un affrontement à la tronçonneuse et une boucherie dantesque dans une petite chambre de motel. Rien de traumatisant mais du festif en diable !

 

Mais Jesse Custer (anagramme de Secret Jesus) notre Preacher n'est pas seul. Il est secondé par un vampire irlandais hilarant (excellent Joseph Gilgun!) et une adorable fée clochette (Ruth Negga, le charme incarné) véritable Betty Boop du bourre-pif, propriétaire d'une magnifique Chevrolet Chevelle modèle 72.

Du drôle, du trash et du sexy.

 

 

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Pourtant, sur le papier, il y avait de quoi rester un poil sur la réserve, le projet étant porté par les acteurs-scénaristes spécialisés dans la beauf-comédie US Seth Rogers & Evan Goldberg... Mais attention ! Ces deux joyeux farceurs sont accompagné tout du long par le grand Sam Catlin comme showrunner. Sam Catlin c'est Breaking Bad, ok?. Ce mec brillant a signé de sa plume dix des meilleurs épisodes de la série la plus inventive et addictive de tous les temps. Et Preacher porte sa marque. D'un épisode à l'autre les bonds dans le temps et l'espace et les ouvertures insolites entretiennent la dynamique du bolide. Les séquences western imposant de manière magistrale l'immense figure infernale, muette et barbue du "Saint des Tueurs" sont carrément splendides et injectent au récit cette dimension épique et universelle nécessaire à l'envol de ce bon gros délire transcendant avec un swing incroyable l'éternelle lutte du Bien contre le Mal.

 

La lecture des comics de Garth Ennis et Steve Dillon m'est assez lointaine. Aussi je ne m'étendrai pas sur l'adaptation, forcément édulcorée par rapport au souvenir ultra-violent et noirissime que j'en ai. La radicalité de la BD transposée d'une manière littérale à l'écran aurait probablement condamné l'audience à un public restreint et menacé la poursuite de la série. L'habileté est que le résultat affiche quand même un sacré caractère, un humour bien trempé et l'irrévérence a de quoi faire trembler le dévot. Preacher la série, défonce allègrement cette Amérique malade d'une religion dévoyée, peuplée de prédicateurs fous et de faux prophètes. Une bigoterie malsaine et névrotique dont se moque avec une virtuosité libératrice cette gore et réjouissante parade. Dans le sang, le rire et jusqu'à un final énorme et hilarant d'un kitsch confinant au grandiose. 

 

Mais la chair de la série prend toutes ses formes sur ses héros au solide background.

Loin de n'être qu'une grosse pantalonade sanguinolante et braillarde comme la drôle mais assez épuisante série Ash VS Evil Dead, Preacher fait se croiser une foule d'histoires chargeant d'humanité tous les personnages et nourrissant ainsi une saine addiction. On s'attache vraiment à cette irrésistible bande de dingues. Ainsi avant de devenir le road-movie tonitruant que la fin de la première saison annonce, l'histoire est ici enracinée dans la petite bourgade d'Annville avec son église au sommet de la colline. La géographie d'un bon vieux western. Une unité de lieu qui n'est pas sans balancer quelques clins d'oeil à la reine-mère de toutes les séries déviantes : Twin Peaks. Preacher porte beau de par son style et son atmosphère...

 

 

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Sur la forme rien à redire.

La mise en scène est au cordeau, la photographie enflammée et le Far West sépia du Saint des Tueurs aligne une collection de tableaux macabres inoubliables. En Blu-ray c'est à se damner la rétine. La musique des dialogues fait le reste. Les échangent claquent sans tunnels narratifs. Preacher embrasse ainsi le meilleur du cinéma de genre américain de ces trentes dernières années. D'un festival de trognes échappée d'un bon gros délire des frangins Coen jusqu'aux joutes verbales Tarantinesques et aux effusions gore d'un Sam Raimi.

Je ne suis donc pas surpris d'apprendre dans les bonus que les auteurs se sont lancé avec bonheur comme producteurs exécutifs de cette série. Flotte sur Preacher un vent de créativité bien décoiffant délicatement arrosée par la country de Johnny Cash et Willy Nelson.

 

J'ai lu ici et là que les puristes de la BD se montraient souvent insultants à l'égard de cette première saison. C'est donc avec joie que je peux leur demander d'aller se faire foutre. Parce que l'ADN est bien à la source et que le terreau de cette première saison a de quoi accoucher d'une suite atomique. Les petits gardiens du temple me saoulent. Geeks ultra-conservateurs brandissent les poings en regardant derrière eux. Une posture ridicule."Les Comics sont les comics, la série c'est la série" c'est la chouette lapalissade lancé par l'auteur Garth Ennis aux acteurs au début du tournage. Tout est dit. On prend l'idée d'origine, on élague, on décrasse, on transforme et on lance le tout dans une nouvelle direction. C'est tout l'intérêt d'une adaptation réussie. La matière reste mais la bête est autre. Et puis comme le dit si bien Val, mon vieux lévrier:

- La grande leçon du cinéma-de-genre-qui-se-lâche est bien là. Nous rappeler que la vie n'est qu'une farce macabre, gore et tragique, mais finalement assez poilante.

 

Santé!!!

 

 

 

Francisco,  

 

 

 

 

 

 

 

Saison 2                                                                       (douche chaude, puis bien tiède)

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Méga poilant ? Vraiment?

 

Je commence par m' injecter les deux premiers épisodes via OCS GO.

Verdict  : Toujours aussi joyeusement gore et dingo!

Ouverture délirante et débarquement terminatoresque du Saint des Tueurs dans le monde de Jesse, Tulip et Cassidy (Ruth Negga, totalement craquante) Mise en scène & montage au taquet et B.O décapante pour cette road & rock saison! De l'ultra-jouissif limite orgasmique. Genre débridé brillant, malin, drôle et qui laisse les yeux brillants! Et puis...

 

Ben, les copines, et puis plus rien, quoi.

Arrivent le quatrième et le troisième... je me dis : "Attends Francisco,  c'est normal, on ne peut pas toujours être au top, ça va repartir" Erreur ! Rien ne repart. Tout s'embourbe, piétine. Le récit s'envase définitivement à la Nouvelle-Orléans et ne se relève jamais. Tulip déprime. Cassidy n'a plus l'air d'y croire et notre Preacher s'agite dans tous les sens en tentant vainement de rallumer le feu. Le délire tourne en boucle et même mes chiens s'endorment. Le petit roupille les pattes en l'air, la gueule ouverte, l'air de s'en foutre royalement et de bien l'assumer. Je ne puis, en cet instant, m'empêcher de penser qu'il a vraisemblablement raison. Tiens, hier soir, par exemple. J'ai terminé laborieusement le 9ème épisode (pas sûre que j'aille au bout...)

Celui-ci j'ai du le regarder en quatre fois, c'est dire. Hé bien le petit a roupillé dès que j'ai relancé le truc et mon vieux lévrier s'est carrément levé et à quitté la pièce pour aller faire caca dans le jardin. Il a prit tout son temps avant de revenir.

 

Pour en revenir à mon attention défaillante et pour être tout à fait franc avec vous, je dois préciser que je me suis pris de passion pour la randonnée et, du coup, je marche plus souvent que je regarde la télé. Ceci explique sans doute cela. (Si je vous raconte tout ça, c'est pour bien vous faire sentir comment c'est chiant quand un truc s'embourbe et tourne en boucle)

 

 

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Conclusion.

Voilà, c'est tout moi ça. Je m'emballe, je m'emballe et puis je me cogne. J'étais persuadé, à l'ouverture de cette deuxième saison, de prendre un ticket pour un maous tour de montagne russe, genre à recracher ses pop-corn, et je me retrouve à somnoler dans le métro... Ma grande décision c'est que je vais essayer de finir, histoire d'évoquer la teneur du final (sans spoiler, promis), mais autant vous dire que le doute, soudain, m'habite... La question qui nous taraude tous, tout au long de notre existence, reviens alors me hanter :

 

"Et si ça restait naze jusqu'au bout?"

 

 

 

 

 

 

 

Origines  

 

 

 

 

 

Steel sobre et plutôt classe de la saison 1

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2016 - 2019

 

10 épisodes

 

 

LE BLU-RAY        Bienvenue en enfer, c'est chaud comme la braise! Les couleurs explosent. Le piqué déchire et les noirs profonds musclent une image solidement contrastée. Effet "comic" garanti! Les séquences western en sépia flattent bien la rétine. Diable, Tout cela délivre une sacré matière dans l'image et mérite le label top-démo. 

 

 

Creators:

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29/11/2016
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