LES CHRONIQUES DE FRANCISCO & Co

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ONLY LOVERS LEFT ALIVE, le grand sommeil

Fantastique     Film de vampire arty                     

Jim Jarmush 

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Primo,  je tiens à préciser que je suis un quasi-inconditionnel du cinéma de Jarmusch. Deuxio, je ne suis pas du genre à détester les films ou il ne se passe strictement rien (Tous les membres du blog peuvent en témoigner) Tertio, je suis aussi capable de me faire monstrueusement chier devant un film. 

Ça vient de m'arriver. 

Merci, Jim.

 

 

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Comment un type qui pouvait revisiter le road movie avec un minimalisme d'une grâce folle dans Stanger Than Paradise, torpiller le film de prison avec un sens comique plus que rock'n roll dans Down By Law, repenser le Western avec poésie dans Dead Man, offrir son meilleur rôle au grand Bill Murray dans Broken Flowers, comment ce même type a pu concevoir, écrire, tourner et emmener toute une équipe d'acteurs et de techniciens dans ce truc branchouille et  un peu couillon sur les vampires??!! Why ?!!

 

Tom Hiddleston,  décompense totalement après avoir échappé au monde de Thor. Il nous la joue prostré et revenu de tout avec une conviction réellement contagieuse. Tilda Swinton, en totale roue libre, nous en fait des caisses dans le genre "regardez comme j'ai une tête bien étrange, quand je veux". (Un syndrome vraiment craignos qui a sérieusement bridé la carrière de grands acteurs à gueule comme Christopher Walken). C'est vraie qu'elle a une tête étrange et que Tom Hiddleston est hyper bien prostré mais pour aller où?.

Oui, je sais qu'il n'y a plus d'espoir. Que ce film parle surtout de la fin de toute chose. Qu'une nostalgie dévorante contamine l'ensemble, mais on aurait tout aussi bien pu les laisser tranquille. Pourquoi en faire un film? Une petite expo photo bien stylée dans un quartier craignos où les mecs branchés adorent s'encanailler aurait très bien pu faire l'affaire!

Bon, bref. Tout ça pour dire que Tom et Tilda jouent Adam et Eve, voyez le truc, qui vivent et spleenent à donf sur deux continents. L'un vit reclus dans une masure d'un riant quartier de Détroit , ville fantôme, tandis que sa muse et ex-compagne promène son inquiétante étrangeté dans les ruelles étroites de Tanger. Tanger qui fut le Haut lieu branchouille de quelques pâpes de la littérature américaine et notamment quelques princes de la Beat Generation. Kerouac, Burroughs, Bowles et j'en passe. De toute façon, attention les bourrins, tout ici est hyper référencé. C'est bien simple, on fait des clins d'oeil tous azimuts : Wagner, Duschamp, Kafka, Poe, Billie Holiday, Baudelaire, Rimbaud, Geronimo, Jimi Hendrix, Oscar Wilde, Susan Sontag, Jane Austen, Fritz Lang, Mark Twain. C'est carrément le vide-grenier du mec cultivé. Le type qui déverse tout pour que le spectateur un minimum instruit ne trouve plus le courage d'avouer qu'il s'est endormi pendant le film de peur de passer pour un dangereux crétin.

 

Aujourd'hui tout ce beau monde sus-cité a disparu (oui, c'était mieux avant) et Eve vit dans le souvenir. En cela on peut dire, sans complétement taper à coté, qu'un fil invisible la relie à Adam. Oui moi aussi je peux lire l'invisible. On ne devient pas chroniqueur par hasard. Parce que lui aussi, Adam, semble très désabusé. Adam et Eve for ever. Pour le meilleur et pour le pire. ET parce que, dans le fond, ils ne peuvent pas vivre l'un sans l'autre, ils vont se rejoindre!!! (c'est pour ça que je suis un peu méchant quand je dis qu'il ne se passe rien. Elle va quand même prendre l'avion pour retrouver son lover à Detroit)

 

 

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Jarmusch, a le sens de l'atmosphère, la-dessus rien à dire, et ses images nocturnes sont souvent très belles. La sensibilité de l'Arri Alexa fait des merveilles avec très peu d'éclairage. Ainsi plusieurs visions fantômatiques de Détroit ou du port de Tanger offrent de bien belles impressions de ce monde mystérieux de la nuit.  Seulement voilà,  c'est tout le reste qui me pose problème. Ici tout est surjoué, ultra poseur et arty, le tout sans égard pour la moindre ébauche de narration. Mais vraiment même pas le moindre effort. Alors oui, Jarmusch aime bien la musique et le gars Adam il gratte un peu de la guitare et fait des compos un peu indus mais cool quand même. Un truc conceptuel mais profond. On peut même le voir jouer assez souvent et longtemps. En fait, on a vite le sentiment d'être dans le film d'un type qui n'en a vraiment rien à foutre.

 

Alors, je sais que c'est un peu l'idée. Tracer le portrait d'un couple qui vit depuis l'aube de l'humanité ou au moins depuis hyper longtemps (rapport à leurs prénoms) et donc qui a tout vu, tout lu, tout vécu et se désespère de constater que la médiocrité gagne du terrain dans notre monde, il faut bien l'avouer, largement finissant. Voir déjà fini. (Oui je sais je suis hyper sombre et pessimiste mais j'aime aussi rire, les soirées entre copains et le cinéma, donc ça compense). Donc ici, on est désabusé à fond, on tire une méga tronche. On marmone, on marche mollement, on est plus que triste et pour synthétiser l'ensemble on s'emmerde grâve. On croise des mecs sympa comme John Hurt mais ça ne suffit même pas. Sur l'ennui et l'errance Jarmusch a bâtit sa carrière. Mais il l'a fait d'une manière admirable car toujours inspirée. Aujourd'hui, Jarmusch imite Jarmusch. Pour moi, s'imiter c'est mourir un peu. Même si à la fin les deux vont enfin goûter de nouveau "au fruit défendu"cette relecture du mythe Faustien du vampire matinée de néo-genèse m'a royalement gonflé. Serais-je passé à coté d'un chef d'oeuvre immortel?

Pas impossible,  but , Frankly, my dear, I don't give a damn.

 

 

Francisco,

 

  

 

 

 



 

 

 

 

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2013

 

2H

 

 

Le blu-ray        À  la fois précis et velouté. 

 

 

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Writers:

, (adaptation)
 
 
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20/03/2016
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