LES CHRONIQUES DE FRANCISCO & Co

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McCULLIN, le coeur dans les ténèbres

Doc     Portrait      Histoire      Guerre     Prière humaniste

David & Jacqui Morris 

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Un moment de paix.

Quelques notes de piano sur un paysage de neige. La campagne du Somerset et ces premiers mots en voix-off

"La guerre, c'est en partie de la folie, surtout de la démence. Et le reste, de la schizophrénie"

L'appareil photo à la main, McCullin, le cheveu blanc mais la démarche assurée, traverse cette nature pétrifiée par le gel. Attentif aux jeux des ombres et de la lumière sur les plis du paysage. Seul, dans le silence consolateur de la nature. L'oeil est vif mais l'homme est hanté.

 

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Don McCullin marche aujourd'hui au milieu des fantômes.

Des centaines de visages et de silhouettes brisés par les guerres, la misère et les famines que ce photographe journaliste et correspondant de guerre a immortalisé tout au long de sa carrière. De la violence des villes au théâtre des conflits les plus dévastateurs, Don McCullin a travaillé toute sa vie sans tricher, ni mettre en scène. Seul au coeur de l'action. Mais toujours au milieu des hommes. Saisissant l'instant, avec la vérité comme seule règle. Je ne connaissais de Don McCullin que ses clichés de la guerre du Vietnam avant de découvrir ce documentaire, disponible désormais sur Netflix.

Tourné en 16 mm la texture du film se marie totalement au grain de l'oeuvre exposée. Un traitement d'une profonde sobriété à l'image de McCullin. Sans effets ni partis-pris de montage révolutionnaires ce doc déroule le sincère et passionnant portrait d'une vie marquée par les horreurs de l'histoire. 

 

Du petit voyou Londonien encaissant les coups et distribuant les pains, au prince du Nikon F, maître du noir et blanc, témoin de toutes les violences. Vietnam, Salvador, Liban, Irlande du Nord, Chypre jusqu'aux enfers économiques. Portraits de SDF, de femmes, d'hommes et d'enfants mourant de faim. Puis le repos du guerrier, amoureux des paysages d'hiver. Pour un temps...

 

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Jacqui et David Morris ont tracé le récit d'une vie en partie sacrifiée.

Car l'homme confie son regret d'être aujourd'hui catalogué "photographe de guerre". Lui qui s'est toujours placé au coeur de la vie et a su faire entendre le cri des victimes oubliées. Même si la honte accompagnait parfois ses pas, il assume tout, ne renie rien et reconnait même s'être nourri de l'adrénaline qu'injecte dans son sang ses missions au coeur de l'enfer. Car Don McCullin, digne héritier de Robert Cappa, frère d'arme de photographes comme Larry Burrows ou Horst Faas, a toujours travaillé au coeur de l'évènement, en treillis et au péril de sa vie. Blessé, traumatisé, le photographe est resté un modèle  d'intégrité. Ses clichés  peuvent être terrifiants, insoutenables, mais il ne sont jamais racoleurs ou spectaculaires. La mort, droit dans les yeux.

 

Don McCullin compte parmi les grands représentants de ce journalisme à hauteur d'homme. Ce film simple et puissant est le plus digne des hommages rendu à cet ardent défenseur de la liberté. Chacune de ses photographies rappellent que "toute guerre est une défaite" et la misère la honte du monde occidental. McCullin a toujours soigné en lui les bons côtés du petit voyou Londonien. Son oeuvre cogne fort et juste et ne s'embarrasse d'aucun discours. La vérité et rien que la vérité, directe et sans fioritures. 

"Si je n’étais pas devenu photographe. Je n’aurais pas eu de vie. J’aurais été perdu"

Un an après le tournage, à l'âge de 77 ans, Don McCullin est reparti.

En Syrie.

 

 

 

 Francisco,

 

 

 

  

 

 

 

 

 

 

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1h30

 

2012

 

 

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07/10/2015
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