LES CHRONIQUES DE FRANCISCO & Co

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LIFE, l'ombre du géant

Biopic                                        

Anton Corbijn

***  

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Attachant.

Mais un peu raté quand même.

L'ex photographe et cinéaste Anton Corbijn (Control, Un Homme très recherché) s'est passionné pour les mythiques séances photos entre un James Dean à peine éclos et le photographe, encore méconnu à l'époque, Dennis Stock. En voici le cliché le plus iconique :

 

 

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Histoire d'une rencontre entre deux hommes fragiles, tous deux aux portes du succès.

Une étoile du cinéma s'avançant à reculons vers une starification qu'il pressent comme destructrice et un jeune homme peinant à se distinguer et à trouver sa voie.  Le sujet, ouvrant une délicate et sensible réflexion sur la célébrité aurait pu accoucher d'un grand film, compte tenu des résonances qu'entretien le scénario avec la propre expérience du cinéaste mais il reste trop sage pour convaincre totalement.

 

Ancien photographe Anton Corbijn connait pourtant cet univers. Sur le plan visuel, son film, des décors aux costumes et accessoires, affiche un soin quasi-maniaque. Le Blu-ray, somptueux permet de savourer le travail. Ce soucis de perfection tend parfois à figer un peu la mise en scène, certaines scènes offrant un découpage plutôt scolaire, mais il fait souvent merveille. En témoigne la fameuse séance photo sur le Times Square de 1955 où Corbijn retrouve, en couleurs, toute l'atmosphère du cliché mythique.Mais tout cela n'aurait'il pas gagné en cohérence et fluidité avec un scope noir et blanc? (Je ne sais pas, je pose la question) Non, les vrais soucis sont l'écriture, la construction et, en partie, l'interprétation. Les dialogues sont parfois ampoulés et durant toute la première partie du film, j'ai eu peine à saisir si le film suivait Dean ou son photographe. La première moitié du film avance ainsi, d'une manière assez bancale, sans embrasser véritablement ses personnages. Les scènes s'enchainant laborieusement.  Puis un petit miracle survient. L'échappée dans l'Indiana, terre d'enfance de James Dean.

 

Au coeur du film, le voyage jusqu'à la ferme familiale offre une séquence magnifique où le jeune acteur évoque la mort de sa mère. Toute la fragilité et la sensibilité qui ont façonnées l'icône d'À l'Est d'Eden et de La Fureur de Vivre explosent ici. Dan Dehane incarne alors à la perfection son personnage. Lui qui, depuis le début du film, ne le défendait que d'une manière fragile et maladroite, comme bridé par un constant soucis de ressemblance. Le voici alors se libérant du modèle pour délivrer enfin sa propre vision du personnage. Même la mise en scène affiche alors un style plus libre et inspiré. Moins contrainte par l'obsession de la reconstitution. Dans sa seconde partie, le film trouve alors un nouveau souffle et une respiration plus profonde. Toutes les séquences à la ferme et dans la petite ville où à grandit Jimmy donnent une idée de ce que Life aurait pu être au final.  Non pas une reconstitution mais une réincarnation.

 

 

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Autre point qui fait grincer, la prestation de Robert Pattinson. Je la trouve dure à sauver. Il peine à défendre les enjeux de son rôle et multiplie les attitudes et expressions improbables. Pas sûre que cet effet soit celui recherché, même si son personnage est un être souffrant et maladroit.  Par contre, mention spécial à Ben Kingsley qui se régale, et nous avec, dans son rôle du tyrannique Jack Warner. Nabab d'Hollywood, faisant ou défaisant les carrières à sa guise.

 

Life reste donc un film mineur mais offrant plusieurs séquences magiques. Je le chronique car je pense que ces moments valent le détour et que se frotter au mythe James Dean est toujours casse-gueule donc courageux. Mais, hélas, une sensation de grand film loupé persiste. Ce qui aurait pu être un poème ciné à la Gus Van Sant n'est que le survol d'une figure insaisissable. À l'image de la fin du film. Un superbe plan d'avion emportant vers d'autres cieux un jeune homme déjà nostalgique de son doux foyer vers une destinée qui le dépasse. 

Image d'une oeuvre qui n'a su embrasser que l'ombre du géant.

 

 

Francisco, 

 

 

  

 

 

 

 

 

 

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2015

 

1H50

 

LE BLU-RAY        Trouvable à pas cher en opé, voici de la dentelle de HD ! Le niveau de détail et l'éclat des couleurs flattent constamment la rétine. Mais tout cela n'aurait'il pas été encore plus efficace en noir et blanc? 

 

 

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04/07/2016
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