LES CHRONIQUES DE FRANCISCO & Co

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LE FILS DE SAUL, entre les vivants et les morts

Drame universel     Shoah                                           

Laszlo Nemes

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Saul.

Juif hongrois plongé au coeur de l'horreur d'Auschwitz.

Un visage éteint. Épuisé. Saisi dans la glace de la terreur et de la mort au travail.

 

Membre des Sonderkommando, l'homme est chargé quotidiennement de conduire les siens aux chambres à gaz de porter les corps à la crémation avant de disperser les cendres dans le fleuve voisin. Assistant aux derniers râles d'un enfant qu'il reconnait comme le sien, l'homme n'aura de cesse d'offrir à cette figure de l'innocence massacrée une sépulture digne de ce nom. Voici un film terrible et résolument inconfortable. Presque sans mots, au terme de cette "expérience",  je vais essayer d'en aligner quelques-uns.

 

 

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Le Fils de Saul est d'abord une épreuve.

Un "Cri" cinématographique, semblable au tableau de Munch où l'ensemble du tableau converge vers une seule figure de souffrance et d'horreur. Projeté au format carré 1.37 le récit ne quitte presque jamais la silhouette et le visage de Saul. De toute cette horreur ne se distinguera ainsi tout au long du film qu'un arrière plan flou enserrant le personnage principal. Une brume d'où les formes aperçues ne trompent jamais. Silhouettes de corps nus, empilés les uns sur les autres, ombres s'écroulant sous les rafales. Lueurs des brasiers, Faisceaux des projecteurs braqués des miradors et visages terrifiés des suppliciés surgissant de ces lieux de ténèbres aux côtés de Saul.  Parfois un plan se substitue au regard du personnage principal. Vision subjective alors en recul. Cadre distant, impuissant. Celui d'une victime témoin de l'impensable.

 

Le son seul suggère la dimension de l'espace et la puissance terrifiante et écrasante de cette organisation vouée à l'anéantissement d'un peuple. Envahissant, terrifiant. Parfois assourdissant. Cognant sans cesse aux portes de l'enfer. Hurlements, ordres aboyés par les gardiens, coups, grondements des machines. Notre imagination met alors en image l'impensable, l'immontrable. La torture et la mise à mort de l'humain de la manière la plus méthodique jamais employée.

Ce travail sur le cadre tout entier voué à la suggestion et ne quittant jamais son parti-pris est aussi virtuose que suffocant pour le spectateur.  Insupportable sans doute, pour les plus sensibles. Une immersion radicale auquel ne le spectateur ne peut  jamais se soustraire. Ce geste artistique totalitaire est peut être discutable mais il m'apparait totalement justifié. Le spectateur que nous sommes se retrouve en effet "piégé". L'oeuvre accomplit alors beaucoup plus qu'un sage devoir de mémoire.

 

Cette sensation de se retrouver prisonnier aux côtés de Saul rebute ou subjugue mais elle est tenue ici d'une manière admirable. Dans ce cadre étroit mais d'une puissance terrifiante, tous les acteurs apparaissent ici transfigurés. Leurs visages travaillés par une lumière d'apocalypse au coeur de tableaux de mise à mort et d'effroi. Tous, sont dirigés de main de maître. Celle de Laszlo Nemes. Ce réalisateur signe ici son premier long-métrage. Un tour de force, prix du jury au festival de Cannes 2015 et justement récompensé cette année par l'oscar du meilleur film étranger.

 

 

 Francisco,

 

 

 

 

 

 

 

 

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2015

 

1H45

 

 

LE BLU-RAY        Même sans 5.1 c'est le travail sur le son qui s'impose d'emblée. Une sensation d'immersion absolue, proche même de la suffocation, portée par un transfert Blu-ray impérial rendant grâce à l'hallucinant travail sur la photographie de Matyas Erdely.

 

 

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30/05/2016
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