LES CHRONIQUES DE FRANCISCO & Co

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ZATOÏCHI, ROUTE SANGLANTE. Cirimax est carrément Katsu

Film de sabre                                                                               La chronique de Cirimax               

Kenji Misumi  

***** 

 

Attention objet rare! Oui, il est difficile aujourd'hui de se procurer le coffret dvd consacré au légendaire sabreur : Zatoïchi. Mais ce n'est pas une raison pour vous priver de la chronique de Cirimax. C'est à toi Ciri !

 

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Là, on parle d’un héros solitaire dans toute sa noblesse comme au sens pathétique d’ailleurs. C’est la légende d’un ïchi, un aveugle…un vrai…un masseur donc, puisque dans l’ancien Japon les aveugles n’avaient comme perspective d’avenir que de devenir musiciens ou…masseurs…Ils étaient censés « n’être bons qu’à ça » mais sans doute aussi avaient-ils une sensibilité que les voyants n’avaient pas, toujours est-il que dans ces domaines, c’est eux qui assuraient.


L’acteur qui incarne Zatoïchi, lui c’est un monument.

Et pas qu’un peu… Il est à lui seul la renaissance du cinéma japonais dans les années  60-80, c’est dire… J’ai nommé Shintaro Katsu. Son interprétation du masseur aveugle est sans égale de telle sorte qu’il régna en maître sur la série de Zatoïchi (26 films + 100 téléfilms) en dictant même parfois ses idées aux scénaristes et en créant même sa propre société la « Katsu Production » et ce dans le contexte hasardeux du cinéma nippon de l’époque. C’est dire…

 

 

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« Route sanglante » est le 17e film de la série au cours de laquelle de nombreux sujets sont abordés comme la corruption, l’ injustice sociale, le monde paysan, les rapports homme-femme, le pouvoir, etc…
Dans cet opus, Misumi dresse le portrait de Zatoïchi prenant sous sa protection un mouflon insupportable, un môme qu’il n’aime visiblement pas et qui le lui rend bien, pour le ramener à son père suite au décès de sa mère, sa voisine de chambre dans une auberge.  Mais, petit à petit,  il prend conscience que l’enfant en question est un petit artiste en herbe, digne héritier de son père qui lui, a été enlevé par des trafiquants de dessins pornos, pour le forcer à en faire d’autres, ben tiens... Et le morpion en question, dessinant le visage de l’actrice itinérante protectrice de Ichï, permet à son sauveur, effleurant le dessin de ses doigts dans le sable, de savoir si la femme mérite le déplacement …

 

Bref, Zatoïchi évolue ici dans un Japon au charme ancestral, un pays calme et violent à la fois, dans un décor bucolique à souhaits évoluant entre collines, rivières et gracieuses toitures et portails de temples, etc…Déjà là, c’est un vrai bonheur et ça nous laisse imaginer le Japon des temps anciens bien que la mort sournoise attende souvent en embuscade, tapie dans les herbes folles ou le silence des vallons…

La peinture sociale faite par Misumi dans ce film est aussi touchante et virtuose. Le grotesque y côtoie la fantaisie comme cette troupe de comédiens en goguette sur les chemins escarpés, sans parler des portraits de villageois saisissants de vérité et une photo qui si elle date un peu (c’est pas de la HD…) est quand même de très grande qualité pour un film tourné malgré tout en cinémascope en 1967.

 

 

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Quant à Shintaro Katsu, quel acteur ! Sacré bon sang !  Quel bretteur hors paire au style unique. Il faut voir virevolter son sabre fendant l’air dans une gestuelle divinatoire prodigieuse. Lorsque la lame surgit de son fourreau de bois laissant deviner que les assaillants, quelque soit leur nombre vont se voir débarrassés de leurs vieux jours en un rien de temps. Juste un éclair violent, froid, sec, foudroie l’espace… le fil tranchant de la mort s’abat ….puis le silence…l’homme statufié…

Alors, Ichi  d’un furtif quart de tour avec une vision glauque, humant ce qui l’entoure, arqué comme un félin, comme un loup, extrait par l’arrière sa lame des entrailles de l’assaillant affalé sur son dos, qui, mort debout, s’effondre alors que, dans une économie de moyens qui confine au grand art, il a déjà tranché en deux le candidat suivant …. Lui ne voit pas ses agresseurs, il les devine, il les sens qui rôdent tout en sournoiserie.  Eux qui le voit lui, ne voient en fait que leur propre mort, mais là, c’est déjà trop tard…. Les yeux perdus et toujours mi-clos de l’artiste, tous les sens en éveil, puissant et fulgurant, nous laisse subjugués et interdits devant pareille maîtrise….Et on se surprend peut-être à se dire : « Seul un aveugle peut finalement sabrer comme ça peut-être… »…Et sans même parler de sa présence quasi animale, pétrie d’intelligence, disons même de génie où la ruse le dispute à l’ingéniosité tactique de ses déplacements fulgurants, à ce visage d’une extrême mobilité qui avec ces yeux clos pour toujours, détectent le moindre rictus de l’adversaire, la moindre fourberie de l’assaillant, la plus fine velléité meurtrière de l’ennemi.  C’est vraiment à tomber, les mecs.

 

 

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Tout en sachant que Shintaro Katsu a créé un personnage exceptionnel d’originalité, l’œuvre  démontre aussi par anticipation qu’il serait vain de « faire du Zatoïchi » de nos jours…mais allez faire comprendre ça à Kitano… Là, je sens poindre des grognements à mon tour... calmons-nous mesdames… Personne n’égalera jamais Môssieur Katsu. Point barre. En un mot, tout sauf Kitano, pas vrai ?
De plus, n’oublions pas la présentation jouissive de l’inénarrable Takashi Miike, immense connaisseur de la Légende de Zatoïchi, un puits de science. Cette saga, composée de quatorze films dans l’édition française mérite vraiment d’être possédée. C’est l’apogée selon moi du film de sabre, tout en étant une sorte de série B. Notons aussi que l’auteur du livre, Kan Shimozawa (écrivain journaliste), lors d’un voyage dans la préfecture de Chiba avait entendu parlé d’un Yakuza aveugle lors d’une bataille entre deux clans Yakuza célèbres. Il en a tiré un roman dont les scénaristes se sont inspirés pour créer les épisodes suivant le premier film.
Bien sûr les films sont tous en VO sous titrée accompagnés de livrets vraiment captivants et très documentés signés par Denis Brusseaux et Fabrice Arduini grâce à qui nous devons cette sélection de films…le tout édité par Wild Side Video. Pour l’instant, pas de Blu-ray…


Un monument du cinéma japonais.

 

 

 

Cirimax,

 

 

 

 

 

Zatoïchi tribute                                                                             EJ Boxing Live

 

 

 

 Le coffret DVD Wild Side    (quasi introuvable)

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 À l'unité   (un poil plus dispo)

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1967

 

1h30

 

 

Directed by 

Kenji Misumi

Writing Credits (in alphabetical order)  

Ryôzô Kasahara
Kan Shimozawa ... (story)

Cast (in credits order) complete, awaiting verification  

Shintarô Katsu Shintarô Katsu ... Zatoichi
Jûshirô Konoe Jûshirô Konoe ... Tajuro Akazuka
Miwa Takada Miwa Takada ... Omitsu
Yukiji Asaoka Yukiji Asaoka ... Tomoe
Mikiko Tsubouchi Mikiko Tsubouchi ... Osen

Full cast & crew

 

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17/11/2015
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