LES CHRONIQUES DE FRANCISCO & Co

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HAMLET, le reste n'est que silence

Tragédie                          

Kenneth Branagh 

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Pour qui goûte au pouvoir des mots, Shakespeare est une fête!

En cela l'entrain et la fougue de Kenneth Branagh à incarner l'endeuillé et inconsolable Hamlet est, vingt ans après sa sortie, toujours un régal. Filmé dans un scope 70 mm flamboyant, (format alors inutilisé depuis La fille de Ryan de David Lean en 1970) cette version "intégrale" du chef d'oeuvre du plus grand dramaturge que la terre ait jamais porté transpire la passion. La langue merveilleuse, tempétueuse, profonde et ironique de ce génie est servie avec une joie communicative par l'acteur-réalisateur qui signe ici sa troisième adaptation des oeuvres du maître après Henri V (1989) et Beaucoup de bruit pour rien (1993).

 

Loin des versions sombres et expressionnistes de ses prédécesseurs, Branagh place l'action dans un espace lumineux au luxe insolent. Dans ce décor somptueux les mots et les suppliques les plus déchirantes n'en résonnent que plus violemment. Un art du contraste qui profite à la modernité de cette adaptation. La diction parfaite, le verbe haut, l'incroyable distribution de cette super-production nous déroule sur un plateau d'argent ces mots qui claquent, fouettent, caressent ou giflent quatre heures durant.  

 

 

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Un véritable défi qui n'accuse que quelques moments de faiblesses. 

Si de gracieux plans-séquences accompagnent souvent les acteurs avec virtuosité, d'autres scènes souffrent d'un coté "théâtre filmé" qui rappellent que le réalisateur avait un planning de tournage à respecter.  Une cadence qui, j'imagine, explique et excuse largement ces moments "intermédiaires" ou la mise en scène affiche une moindre inspiration. 

Mais comment ne pas admirer l'énergie qui se dégage de ce morceau de bravoure! Comment ne pas applaudir une telle ambition au service d'un texte aussi exigeant? Kenneth Branagh nous offre avec cette version une lecture totale de l'oeuvre et une manière réjouissante de gravir cet olympe du théâtre.  Etudié souvent trop jeune, Shakespeare compte pourtant parmi les quelques auteurs qu'il faut absolument avoir lu avant de mourir. Dès que l'on a un peu roulé sa bosse,  vécu et souffert, ses mots et ses tirades expriment alors leur pleine puissance. virtuosité et lucidité mélées.

 

Au début du 17ème siècle ce prodige de l'écriture nous révélait déjà tous les visages de la nature humaine. Hamlet est pour moi son oeuvre la plus dense et la plus monumentale. Ténébreuse et lumineuse à la fois. Gorgée de tant de richesses qu'une première lecture flanque le vertige tandis que la seconde nous apprend à voler. Souvent classé comme tragédie Hamlet brille aussi d'un humour ravageur avec quelques moments de pure comédie. Ce que porte l'interprétation toute en énergie de Kenneth Branagh. La première partie est étourdissante. Jusqu'à ce que la folie et les tourments d'Ophélie, incarnée par la toute jeune Kate Winslet, ouvre grandes les portes du drame. Laissez vous aller à découvrir ou redécouvrir ce film un peu oublié qui vous permet d'approcher avec talent la beauté  de ce texte jamais égalé. Le soliloque "To be or not to be" n'est d'ailleurs qu'un maigre aperçu des flèches ardentes que nous lancent ces personnages torturés, hantés, brisés de culpabilité. Fascinant voyage au plus noir du coeur des hommes où tout déjà est dit sur la vie.

 

"Rien ne garde à jamais la même perfection. La perfection, poussée à l'excès, meurt de pléthore"

" Les mots sans les pensées ne vont jamais au ciel" 

Merci à Kenneth Branagh de nous offrir ce ticket pour le Paradis.

 

 

Francisco,

 

 

 

To be or not to be sessions 

 

Laurence Olivier    1948     acteur et réal


 

 

Mel Gibson     1990    réal  Franco Zeffirelli

 

 

 

Kenneth Branagh      1996   acteur et réal    


 

 

Ethan Hawke      2000   réal  Michael Almereyda

 

 

Conversation 


 

 

 

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1996

 

4H

 

 

LE BLU-RAY     Tourné en 70mm, le passage en HD sur nos "petits"écrans est une fête. Passer de la version tronquée  de 2h30 en VHS aux quatre heures du Blu-ray donne enfin la pleine mesure de l'oeuvre. Contrastes et couleurs ravissent. Seul l'usage du réducteur de bruit entrave parfois un niveau de détail globalement ahurissant  pour un vingt ans d'âge mais ce serait chipoter que d'en tenir rigueur. Voici Hamlet, immortalisé comme il se doit. 

 

 

 

Director:

 

Writers:

  (play), (screenplay)

Stars:

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25/04/2015
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