LES CHRONIQUES DE FRANCISCO & Co

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EX MACHINA, et le cinéma créa Ava

SF       Drame                                        

Alex Garland 

*****  

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 It is what it is... It's Promethean man. 

 

 

 

Quand l'intelligence artificielle accèdera à la conscience... 

S'emparer ainsi d'un thème largement éprouvé et nous le rendre comme neuf. On peut appeler ça un p'tit miracle.

 

Avec un budget dix fois inférieur aux récents blockbusters traitant du même sujet (Avengers 2, Transcendance) Ex Machina, dans un huis-clos hypnotique et suffocant, offre une vraie proposition de SF qui pense. À des années-lumières de la pyrotechnie habituelle. C'est le regard d'un vrai cinéaste qui ordonne, avec une cohérence admirable et jusqu'aux moindres détails, l'univers fascinant d'un informaticien de génie, vivant en ermite dans un labo high-tech niché au coeur d'une nature des origines. Une architecture et un décor qui ramène le spectateur à l'essentiel. Épure idéale pour ce récit qui interroge l'homme et son éternelle aspiration à se prendre pour Dieu. 

 

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Le sens du cadre, l'équilibre du montage et la musique diffuse et envoûtante de Geoff Barrow, contribuent à accoucher d'un petit miracle : La sensation pour le spectateur d'assister pour la première fois à la naissance d'un robot doué d'intelligence. Et  pourtant l'histoire du cinéma regorge de grandes oeuvres sur le sujet, du Metropolis de Fritz Lang à l'A.I de Spielberg en passant par 2001 ou Blade Runner. Le scénariste de 28 Jours plus tard, Sunshine et Never let me go a écrit et réalisé ici un premier film totalement maitrisé.

 

Dans le rôle de ce "Prométhée" de l'ère Facebook et Google, Oscar Isaac.

Magnétique à souhait dans l'interprétation du milliardaire Nathan. Digne descendant du titan des origines façonnant l'homme en mélangeant l'eau à la terre, ce néo docteur Frankenstein a donné la vie à une créature totalement envoûtante, loin de l'apparence effrayante du monstre créé Mary Shelley. La flamboyance romantique du récit gothique d'un monstre ramené à la vie dans un éclair de foudre cède la place ici à la froideur techno-numérique de notre monde ou la science triomphante finit par nous éloigner de ce qui fait notre humanité. Une faillite nous préparant inexorablement à l'avènement des machines.

 

Habillée par un design fabuleux, la femme robot profite de l'interprétation fantastique d'Alicia Vikander. Actrice au visage d'ange et au port de danseuse. Ses expressions, sa silhouette et sa manière de se mouvoir sublîment totalement la création d'Alex Garland. Une figure cinématographique immédiatement culte, motif troublant d'une réflexion passionnante sur l'humain et la conscience. Un songe philosophique à l'atmosphère captivante. Évoquons alors la locution latine à laquelle se réfère le titre du film : "Deus ex machina", littéralement "dieu issu de la machine". Un mécanisme narratif issu du théâtre antique grec. L'apparition d'une figure divine résolvant une situation désespérée... Dans ce cadre, la première apparition d'Ava annonce les bouleversements à venir et délivre alors une authentique et profonde émotion.

 

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Le témoin, c'est le personnage de Caleb, jeune programmateur informatique invité à pousser la porte de l'antre du créateur, est un jeune geek solitaire et sensible. C'est lui qui a pour mission de déterminer l'humanité de la machine. L'ensemble du récit se déroule comme un éveil à la conscience en suivant les étapes du test de Turin.  Un système de dialogue avec la machine pour déterminer si oui ou non l'intelligence artificielle dispose d'une conscience qui lui est propre. Dans cet univers où le visiteur est sans cesse ramené à sa propre solitude, ou le "Créateur" est un être manipulateur, noyant son spleen dans l'alcool, l'intelligence artificielle semble alors combler un vide abyssal. 

 

- One day the AIs are going to look back on us the same way we look at fossil skeletons on the plains of Africa. An upright ape living in dust with crude language and tools, all set for extinction.  

L'avenir le confirmera rapidement, Ex Machina est bien une oeuvre prophétique. Une date dans l'histoire de la SF.

 

 

 

 Francisco, 

 

 

 

 

 

 

 

Ava

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2015

 

1H45

 

 

 

LE BLU-RAY :   C'est magnifique. HD d'une grande subtilité. Alex Garland et son directeur photo Rob Hardy ont opté pour une image à la précision redoutable mais sans le lisse de l'image numérique. L''image offre ici une vraie matière, un velouté d'une grande élégance. Le couleurs chaudes nous enveloppent et la qualité du transfert HD restitue à la perfection l'atmosphère  intime et feutrée du film. Les plans extérieurs de nature, montagnes et fjords, resplendissent et l'oeil se perd avec délice dans le niveau de détail ahurissant de ces tableaux. Du grand Art sur le fond et la forme.

 

(Bravo pour l'élégant Steelbook car cette oeuvre restera et mérite de prendre place sur votre étagère)

 

 

 

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11/12/2017
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