LES CHRONIQUES DE FRANCISCO & Co

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THE NEON DEMON, l'autre côté du miroir

Pantomime funèbre et horrifique

Nicolas Winding Refn

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Sous le luxe et le vernis fleurissent les monstres.

Trente ans après Blue Velvet, véritable manifeste artistique du sorcier Lynch qui allait bouleverser pour toujours  les codes du thriller en lacérant l'image d'Epinal de cette amérique aux pavillons riants et aux pelouses fraîchement tondues, l'explorateur Nicolas Winding Refn nous offre une nouvelle toile de maître, déviante à souhait, sur le côté obscur de la clinquante Californie.  

 

The Neon Demon est un conte de fée macabre à l'humour très noir. Relectures d'Alice au pays des merveilles et Cendrillon revues et corrigées par le Marquis de Sade se déployant avec autant de grâce que de rage sur un grand vide. L'univers, aussi chatoyant que corrompu, de la mode. Nous suivons le parcours de la jeune Jesse dans un monde où beauté et perfection plastique sont seules loi. Un totalitarisme qui s'impose autant aux vivants qu'aux morts. Les sarcastiques séquences nécrophages et nécrophiles soulignent bien l'absence totale de compromis d'un réalisateur bien décidé à nous parler ici de la négation de l'âme.

 

 

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En écho à cette oppression dévastatrice de l'apparence répond le ravissement esthétique de l'oeuvre. Ici Nicolas Winding Refn est au sommet. La maîtrise hallucinante de son art se fond totalement au sujet. Ne cherchez même pas à vous demander pas si son film est "réussi".  Radical, de la plus admirable des manières, il échappe à tous critères.

 

Je ne  me suis pas mis devant The Neon Demon pour que l'on me raconte une histoire.

Toutes les histoires ont été raconté désormais. J'ai parfois envie d'autre chose. Vivre une expérience résolument unique. Un luxe, à l'heure ou ne règne qu'un cinéma surgelé débitant au kilomètre des plats vite réchauffés. Deux heures durant, j'ai embrassé pleinement cette sensation incomparable et infiniment précieuse: "passer de l'autre côté", aidé en cela par l'ébouriffante B.O synthétique de Cliff Martinez (Drive, Only God Forgives, Spring breakers, The Knick). Au sujet de ce "passage", un zoom subtil illustre de manière littérale ce principe féérique au moment ou la jeune Jesse signe son contrat. Filmée dans le reflet du miroir de sa chambre d'hôtel le mouvement de caméra en fait disparaitre les bords pour l'emprisonner définitivement dans cet autre monde. 

 

Nous sommes bien là face à l'oeuvre d'un visionnaire débarrassé du discours. Le cadre et le montage (admirable tempo) règnent en maître sur le propos. Tout comme Terrence Malick dont le Knight of Cups offrirait presque une déclinaison voisine de ce regard posé sur le vide de notre monde, Nicolas Winding Refn appartient à la catégorie aujourd'hui anémique des esthètes hors-pistes. De ces cinéastes, ogres d'images, qui de Kubrick à Fellini jusqu'au Paul Thomas Anderson de There Will be Blood ou The Master ont l'élégance de raconter notre monde sans confondre littérature et cinéma. Ne parlons plus d'"auteurs" mais bien de "compositeurs"et le cinoche aura un avenir, n'en déplaise aux gentils toutous qui ont hué The Neon Demon à Cannes.

 

 

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C'est le moment de souligner le travail stupéfiant de la brillante directrice photo Natasha Braier (The Rover). Elle livre du premier au dernier plan une image d'ordre divin.  Aussi, pour les fans de ce cauchemar aux atours et ornements de conte de fée façon Dario Argento, le voyage en HD est incontournable. L'ardente photographie du film est servie dans l'écrin d'un Blu-ray de compétition. Top démo absolu. Toute la sensibilité de l'Arri Alexa XT Plus couchée sur un master 4K délivre un incroyable niveau de détail. Rien n'échappe de l'univers aux lignes claires et épurées peint par Refn. Mais ce sont les teintes et nuances qui laissent à genoux. Ravissement permanent de lumières, flashs, stromboscopies, ombres et couleurs venues d'ailleurs.

 

Dans cette apothéose de la forme explosent les limites de ce qui pourrait n'être qu'un cinéma de poseur. Refn, loin de nous emprisonner dans ses tableaux, nous propulse les yeux grands ouverts dans le cinéma de demain. Celui de l'expérience et de la sensation après celui des histoires. Au terme du voyage terrible de Jesse toute morale s'efface. Ainsi fini l'humanité. Du faste au désert.

 

 

 Francisco, 

 

 

 

 

 

 

Refn                                                                                                                

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    The Beauty Of

 

 

 

 

L'avis des lecteurs

 

 

Ghostdog : 

 

"J'ai découvert Refn en prenant le train en marche avec "Valhalla rising". J'ai rattrapé mon retard depuis et j'attendais mon Blu Ray avec un petit doute quant même. Je me demandais comment pousser le curseur autrement ou plus haut qu'avec "Only god forgives".
Plus de doute maintenant.
Je vois que Cliff Martinez est fidèle au poste. Le binôme est aussi efficace que Lynch et Badalamenti."

 

 

marian-o :

 

" j'ai ressenti un vrai plaisir à le regarder mais difficile à expliquer pourquoi. Impossible de suivre ce film comme une histoire de plus, encore une autre. Non. C'est une nouvelle expérience et c'est ça qui m'a plu. Comme quand j'étais petit et sortait du cinéma avec mon père émerveillé, transporté, enchanté. Bouleversé aussi par la forme, le contenu, le contraste entre beauté de l'image et la noirceur de la vie, de l'être humain.
Une question existentielle se posait pour moi: que recherchons nous dans ce monde? Qu'est-ce qui nous fait plaisir? La beauté… c'est quoi?
Bref… restons sur terre, j'ai beaucoup aimé l'expérience de vivre ce film. Je ne peux pas dire que je l'aime mais je suis content de l'avoir vécu."

 

 

L'anominus :

 

" Encore une grande leçon de style ! "

 

 

Chroniques  Refn

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2016

 

2H

 

LE BLU-RAY      Pour les fans de ce cauchemar aux apparats de conte de fée, le voyage en HD est incontournable. L'ardente photographie du film est servie dans l'écrin d'un Blu-ray de compétition. Top démo absolu. Toute la sensibilité de l'Arri Alexa XT Plus couchée sur un master 4K délivre un incroyable niveau de détail. Rien n'échappe de l'univers aux lignes claires et épurées peint par Refn. Mais ce sont les teintes et nuances qui laissent à genoux. Ravissement permanent de lumières, flashs, stromboscopie, ombres et couleurs venues d'ailleurs.

 

Director

Writers

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26/10/2016
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