LES CHRONIQUES DE FRANCISCO & Co

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THE LOBSTER, we dance alone

Ofni    Fable

Yorgos Lanthimos

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Objet filmique non-identifiable.

Vous avez 45 jours pour trouver l'âme soeur, faute de quoi vous serez transformé en animal de votre choix. Veuf, David rejoint l'étrange hôtel de la dernière chance. Il est accompagné de son chien, qui fut auparavant son frangin.

Now have you thought of what animal you'd like to be if you end up alone?

- Yes. A lobster.

- Why a lobster?

- Because lobsters live for over one hundred years, are blue-blooded like aristocrats, and stay fertile all their lives. I also like the sea very much.

 

Sur ce pitch délicieusement absurde, le réalisateur Grec Yorgos Lanthimos nous offre, pour son cinquième film, une fable drôle, triste et corrosive. Une savoureuse galerie de portrait dans ce "film d'hôtel' (j'ignore si ce genre est officieusement déclaré, mais on s'en fout) qui de 8 1/2  à Youth en passant par Shining ou The Grand Budapest Hotel permet d'ouvrir un scénario à de fascinants microcosmes. Sur le plan littéraire, on croirait lire ici une variation autour de La Montagne Magique de Thomas Mann tant la fascination du cinéaste pour ces âmes malades s'attache aux détails et aux plus petites gammes d'expression pour résonner en profondeur. On tient ici du vrai grand et solide cinéma d'auteur.  Chaque éclat de rire flanque une bonne petite claque au devoir de normalité ainsi qu'aux dogmes imposés aussi bien par le système que par ceux qui s'y opposent. Seule bouffée d'air dans cette douloureuse impasse existentielle : l'amour. Mais, attention,  le vrai.

The Lobster m'a pas mal emballé parce que j'adhère totalement sur le fond et qu'il s'agit bien, dans le style, le récit et la forme, d'une pièce unique. Attention, voici donc : un objet filmique rare.  

 

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Porté par un Colin Farrell délicieusement déglamourisé (oeil éteint et brioche en avant) et la tristesse insondable du somptueux regard de Rachel Weisz, sans oublier les zozotements irrésistibles du grand John C. Reilly ni l'élégance mélancolique du jeune Ben Wishaw, The Lobster porte beau et avance fièrement. La grande classe étant que cette farce raillant nos sociétés confites dans l'indifférence et l'égoisme nous est servi dans l'écrin d'une réalisation d'une grande et belle sobriété.

 

Si je  reste toujours fâché avec quelques ralentis (procédé que je trouve souvent sur-signifiant, autrement dit lourdingue) le découpage des séquences respire ici la parfaite maîtrise de l'art. La photographie automnale du chef-op attitré du réalisateur, Thimios Bakatakis, fait merveille. Le Blu-ray est un modèle de transfert HD, respectueux au plus haut point de la direction photo. Autre point qui m'a caressé dans le sens du poil, l'absence de prétention et le refus de nous asséner un discours engagé aux semelles de plomb, puisqu'ici seule la dérision gouverne. L'humour, omniprésent et bien décalé, reste bien la moindre des politesses pour évoquer un univers aussi désespéré et désespérant.

So, enjoy the trip !

  

 

Francisco,

 

 

 

 

 

 

Auteur à suivre

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2015

 

2H

 

 

LE BLU-RAY          Dans un sobre et classieux steelbook voici une HD d'une folle élégance. Extraordinaire sensation ciné. grain subtil et traitement des couleurs admirable sur un solide niveau de détail. Luxe, calme et précision. Assurément, vous en pincerez pour The Lobster!

 

 

 

Director:

 
 
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29/04/2016
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