LES CHRONIQUES DE FRANCISCO & Co

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THE KNICK SAISON 2, this is all we are

Série    Drame     

Jack Amiel & Michael Begler

***** 

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Retour au Knick.  

La Comédie Humaine, dégraissée au scalpel.  

Retour au Knickerbocker Hospital, dans le New-york fiévreux du début du vingtième siècle. Épidémies, maladies, addictions, folie, meurtres, corruption, luttes de pouvoir, liens familiaux ténébreux, amours cachés, contrariés, dévastés, et au centre de cet enfer l'amphithéâtre où le personnage central, le génial mais sévèrement cocaïné & héroïné docteur John W. Thackery (grandiose Clive Owen que l'on retrouve ici dans un sale état) continue d'ouvrir la voie de la médecine de demain en plongeant dans les viscères du corps humain. Aux scènes d'opération toujours aussi éprouvantes s'ajoutent ici les premières incursions dans les médecines de l'âme. Hypnose et psychanalyse.

L'univers s'étoffe, les personnages sont plus névrosés et torturés que jamais. Cette nouvelle saison à l'épaisseur et la densité d'un roman de Dostoïevski. L'obsession guide tous les personnages et l'addiction est absolue. Grosse montée en puissance.

 

 

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Décors, costumes et accessoires continuent de ravir.

Ultra-documentée, la série s'appuie et se développe sur de solides connaissances historiques, les personnages principaux eux-mêmes étant directement inspirés d'authentiques pionniers de la médecine moderne. Certes,  la science et la société avancent à pas de géant mais plus que jamais les créateurs Jack Amiel et Michael Begler creusent au plus noir de l'homme. L'animal est toujours là. Les secrets se lèvent et découvrent des crimes commis par des monstres d'égoisme et d'ambition aux costumes sur mesure et souliers vernis. Au milieu de cet enfer moral s'abritant sous les dorures des salles de bal et des salons victoriens, les personnages féminins émergent et prennent place au devant de la scène, traduisant l'essor du féminisme. Les esprits s'ouvrent et s'émancipent.

 

Si l'innovation triomphe, l'innocence reste humiliée, voir massacrée. Et chaque élan humaniste semble condamné à s'y corrompre. Figure sacrificielle, le "bon docteur" Thackery reste un être prisonnier de sa mission et dévasté par ses addictions. Le destin et le triste cortège de ses tragédies personnelles l'abandonnent sans cesse aux portes de la démence. Le docteur Edwards, premier médecin noir du Knick, semble condamner à voir ses ambitions piétinées par un racisme omniprésent. Face à ces deux personnages dévoués à leur vocation,  l'horreur des théories eugénistes (annonciatrices du génocide juif) prennent racines sur l'amertume et les frustrations du docteur Gallinger. Le progrès, semble-t'il, avance main dans la main avec la barbarie.

 

 

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Si, sur le fond, le cauchemar fascine, sur la forme The Knick saison 2 assume fièrement son statut d'ovni télévisiuel (et cinématographique). Intégralement réalisé, photographié et monté par Steven Soderbergh. Caméra Red Epic Dragon souvent à l'épaule et délivrant noblement sa source 6K, le résultat flatte la rétine. Au-delà d'un sens du cadre affuté sublimé par un montage au tempo et aux transitions virtuoses,  le piqué fait des ravages (même sur les plus grandes diagonales d'écran) Le niveau de détail est chirurgical et la précision clinique. L'écrin idéal pour cette série traitée, dès l'origine du projet, comme une vaste expérience cinématographique de 20h (même si une suite serait actuellement à l'étude). Le traitement des couleurs est toujours pertinent et sert au mieux un travail photographique radical et tranchant.

Des intérieurs feutrés et dorés aux bleu glaçant des extérieurs, le sens de l'atmosphère transfigure totalement une narration d'une grande fluidité. Toutes les raideurs propres aux films en costumes traditionnels sont ainsi balayés, et ce depuis la première séquence de la saison 1. Autant de réjouissantes audaces formelles transcendées par la B.O emballante de Cliff Martinez, fidèle collaborateur de Soderbergh. Un compositeur fasciné par les parcours hors-piste puisque monsieur Martinez accompagne depuis Drive les épures numériques de Nicolas Winding Refn. Sa collaboration embrase The Knick.  Une oeuvre d'Art, du premier au dernier plan comme du premier au dernier son.

 

 

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Même rongé de l'intérieur par la folie, l'avidité, l'obsession et les ambitions tordues, The Knickerbocker Hospital est cinématographiquement entre de bonnes mains.

L'aventure pourrait s'arrêter là mais il est impossible pour moi de ne pas rêver d'une suite, compte tenu de la richesse et de la puissance qui émanent de cette incroyable exploration. Au terme de ce voyage éprouvant, bouclé par un final absolument dantesque ( le show de Clive Owen touche ici au prodige) on sait que l'on vient d'assister à une révolution. Une avancée majeure dans la manière de conduire une série et ses personnages. 

Quant à l'universalité et l'intemporalité du propos, je vais même terminer cette petite chronique en citant un auteur plus tout jeune. Marc Aurèle.

Citation extraite des ses Pensées :

"Je donne le nom de peste à la corruption de l'intelligence, bien plus sûrement qu 'à l'infection de l'air qui nous entoure."

 

 

 

Francisco,

 

 

 

 

 

 

Corrompre et prospérer

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Saison 1                                                                                                                    

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Dispo sur Prime (Pass Warner)

 

2016

 

10 x 55mn

 

 

LE BLU-RAY       Série tournée à la Red Epic Dragon, délivrant une source 6K, le résultat, mes chers confrères, est proprement stupéfiant. Même sur les plus grandes diagonales d'écran, le piqué fait des ravages. Niveau de détail chirurgical et précision clinique pour cette série à nulle autre semblable. Traitement des couleurs divin pour un travail photographique radical et tranchant. Des intérieurs feutrés et dorés aux bleu glaçant des extérieurs. Sachez-le, vous n'achetez pas un Blu-ray, vous achetez une oeuvre d'art.

 

 

 

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12/06/2016
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