LES CHRONIQUES DE FRANCISCO & Co

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BEASTS OF NO NATION, apocalypse now

Guerre     Drame universel                             

Cary Joji Fukunaga

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 - I saw terrible things... and I did terrible things. So if I'm talking to you, it will make me sad and it will make you too sad.

 

 

2008.

Sortait sur les écrans Johnny Mad Dog.

Produit par Mathieu Kassovitz ce film de Jean-Stéphane Sauvaire m'avait broyé le coeur. Ex documentariste ayant vécu le drame des enfants soldats, Sauvaire livrait pour moi le film le plus percutant jamais réalisé sur ce thème. Scandale humanitaire absolu, toujours d'actualité, ces enfants-objets de tous les fascismes occupaient enfin le grand écran.

 

Sept ans après, rien n'a changé.

Cary J. Fukunaga livre a son tour une terrible prière adressée à tous les hommes et les politiques. Beasts of no Nation fait aussi mal que Johnny Mad Dog. Adapté du récit du jeune auteur Nigérian Uzodinma Iweala (l'auteur n'avait alors que 23 ans au moment de sa publication en 2005) Beasts of no nation est une oeuvre terrible, parfois même insoutenable, mais profondément humaniste. Cary Joji Fukunaga a donc délaissé le tournage de la saison 2 de True Detective, après de bons et loyaux services sur ce monument de télévision, pour se consacrer entièrement à l'adaptation, l'écriture et la réalisation de ce voyage au bout de l'enfer. On parle bien ici d'un film ou l'engagement total du réalisateur et palpable et jamais pris en défaut.

 

 

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Dans un pays sans nom, mais que nous pourrions baptiser Liberia, Congo ou Somalie, nous suivons le parcours effrayant du jeune Agu (formidable Abraham Attah). Séparé de sa mère et assistant au massacre du reste de sa famille l'enfant prend la fuite et se retrouve enrôlé de force dans une guerre absurde. Sous l'emprise d'un charismatique commandant (énorme Idris Elba) Agu se transforme en véritable machine à tuer. Nous vivrons l'avant, le pendant et l'après. C'est toute la force du film.

Prendre le temps d'enraciner les personnages dans leur quotidien de paix pour mieux faire ressentir l'horreur du basculement dans la guerre. Une démarche qui fait écho au chef d'oeuvre de Michael Cimino Voyage au bout de l'enfer. 

 

Agu livré à lui-même, le film ne se sépare jamais de son point de vue.

Une traversée de l'enfer à hauteur d'enfant. Seule note d'espoir, cette voix-off d'Agu laissant entendre que son humanité résiste, au-delà des abominations commises. Certaines scènes peuvent heurter, c'est le moins que l'on puisse dire. Ou faire. Le réalisateur veut aller aussi loin que possible pour réveiller les consciences. Le spectacle se doit de révolter et d'être insupportable. L'art de la suggestion est aussi présent mais Fukunaga fait face à son sujet sans faillir. Comme un boxeur et sous la conduite d'un Idris Elba terrifiant en maître de chaos. Soldat de pacotille, imperméable aux souffrances et aux tortures qu'il répand tout au long de son chemin. Une prestation d'acteur assez hallucinante, tant on guette en vain dans le blanc de l'oeil du personnage la moindre lueur d'humanité.

 

 

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Beasts of no Nation est un direct que l'on reçoit en pleine figure.

À l'image de ses séquences de massacre tournées caméra à l'épaule pour mettre l'oeil en panique et provoquer le malaise. Mais une forme de magie de l'enfance résiste. Le récit, la musique et les couleurs basculent parfois dans l'hallucination. Le travail sur l'image est d'ailleurs exemplaire. La photographie, gérée également par Fukunaga, est impériale. Même viscéralement engagé sur le fond, la forme du film et d'une cinégénie absolue. Un exploit, compte-tenu du budget du film. 6 millions de dollars. Dix fois moins qu'une production standard.

 

Visuellement le miracle a lieu. On pense aux plus grands films jamais tourné sur la guerre. J'ai évoqué Voyage au bout de l'enfer pour les trois actes du drame mais certaines scènes du dernier acte évoquent même Apocalypse NowIdris Elba, commandant alors livré à lui-même évoque le spectre du colonel Kurtz. Le final pourrait être celui d'un film de Terrence Malick... La terrible supplique du jeune Agu résonne ainsi. Sous l'ombre protectrice des géants.

 

 

Francisco,

 

 

 

 


 

 

Même thème 

 Jean Stéphane Sauvaire.     2008

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 Kim Nguyen. 2012 

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2015

 

2H15

 

 

 

DIFF NETFLIX:    Pour les abonnés "HD"  Voici une mise en ligne qui ne laisse aucun détail de coté. La sublime photographie du film est proprement diffusée. Pour les plus exigeants qui souhaiteront retrouver la "matière" de l'image propre à la caméra Arri Alexa il faudra attendre le Blu-ray. Master 4K oblige, les futurs fans de l'UHD trouveront  sûrement là un titre de choix dans les bacs ( février / mars 2016?)

 

 

Director:

Writers:

(screenplay), (based on the novel by)
 
 
 
 
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26/11/2015
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