LES CHRONIQUES DE FRANCISCO & Co

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99 FRANCS, Spinaltap aime le yaourt, la coke et les hamsters!

Comédie féroce       Culte méconnu                     La chronique de Spinaltap        

Jan Kounen  

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En attendant l'Idéal,  la suite avec Gaspard Proust prévue pour 2016, redécouvrez 99 Francs! (soit une quinzaine d'euros)

Un divertissement avec plein de drogue dedans, mais aussi des jolies filles qui se cambrent, du yaourt, un hamster sous coke, de l'alcool, Jean Dujardin et du vomi!  


Je vous l'ai bien vendu? Bon je vous prends un peu pour des demeurés, mais c'est le principe de base de la pub, non?? OK je vais développer un peu plus car cette adaptation de l'excellent bouquin de Beigbeder (renommé depuis 14,99 €) à tendance très autobiographique mérite autre chose qu'un slogan merdique. Et commençons par un petit tri sélectif: pour les fans de films tirés de romans de Marc Lévy ou Guillaume Musso qui se seraient égarés dans le coin, j'ai une mauvaise nouvelle pour vous: ici ça lorgne méchamment du côté de Brett Easton Ellis. Voilà, en vous remerciant. 


"J'ai passé ma vie à vous manipuler contre 75000 francs par mois. Quand à force d'économies vous réussirez à vous payer la bagnole de vos rêves, je l'aurais déjà démodée. Je m'arrange toujours pour que vous soyez frustré. Je suis celui qui pénètre votre cerveau, je jouis dans votre hémisphère droit. Votre désir ne vous appartient plus, je vous impose le mien. Jamais crétin aussi irresponsable que moi n'a été si puissant depuis 2000 ans."

 

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Ça, c'est signé Octave.

Il a beau être un enfoiré cynique, arrogant et narcissique, il a au moins une qualité: il est lucide. Sur sa condition d'escroc. Lui et son pote Charlie sont deux concepteurs-rédacteurs blasés et outrageusement surpayés dans une grosse agence de pub parisienne en 2001. Leur appendice nasal est autant bourré de poudre qu'une boîte aux lettres est gavée de publicités au retour d'un mois de vacances. Ca ne les empêche pas d'avoir en charge la campagne du groupe Madone qui a 12 000 tonnes de yaourt allégé à fourguer dans les frigos des ménagères. Mais le rejet de leur premier projet et une rupture amoureuse vont entraîner Octave dans un sérieux pétage de plombs au niveau de sa personne.

 

Qui mieux que Jan Kounen pouvait porter la chose à l'écran? Ancien réalisateur de…pubs, ce type est tout à fait digne d'intérêt depuis qu'il a filmé Romain Duris se torchant avec des pages des Cahiers du cinéma dans son premier long-métrage, Dobermann. Là, on peut dire que la ligne est définie dès le titre qui s'écrit dans un sniff de coke à travers la vitre d'une table basse au petit matin d'une nuit de débauche, puis dans une animation représentant une carte de crédit Gold.

 

La mise en scène, audacieuse, est un véritable tourbillon visuel et sonore nous emportant dans la chute vertigineuse d'Octave. Le film ressemble à un gigantesque mixeur dans lequel il a notamment balancé des emprunts à Fincher et son vénéré Fight Club, Gilliam, Kubrick, des archives TV pas très sympas sur notre monde, des fausses pubs, un texte redoutable adapté du livre en voix-off et une bonne lampée d'humour trash, dégueulant tout ça en bile acide dans l'assiette de cette créature ultra-provocante et vénale qui vient draguer notre temps de cerveau disponible en même temps que notre porte-feuille et qu'on appelle la société de consommation (tiens c'est marrant on peut remplacer société de consommation par prostituée, ça marche aussi). Beigbeder et Kounen, qui s'offrent tous les deux quelques apparitions, crachent joyeusement dans la soupe? Certes un petit peu mais quand c'est fait avec un tel talent, on déguste et sans rechigner!

Allez, encore une petite cuillerée de succulente vachardise! Comme cette savoureuse séquence de tournage sabotée par Octave en plein bad trip dans un studio où une famille nous vante les mérites d'une barre chocolatée à coups de dialogues débiles et de sourires plein de dents ultra blanches.

 

En réalité, Kounen a autant de dégoût envers les clips de pub 0% de matière grise et 100% de connerie que d'admiration pour ceux qui sont d'une fantastique inventivité. Il a même eu un de ses premiers chocs artistiques dans une salle obscure en voyant la première pub pour Macintosh, réalisée par un certain Ridley Scott en 1984, à une époque où les spots étaient souvent plus créatifs que les films qu'ils précédaient - une anecdote qu'il a ajoutée dans le film. On peut en fait surtout voir dans son viseur la pollution exercée par l'image publicitaire, omniprésente devant l'oeil humain tel un Big Brother à l'envers, ainsi que le cynisme et la superficialité d'un milieu sérieusement nivelé par le bas et se prélassant dans un océan de biftons - un constat qui n'est évidemment pas propre uniquement à l'univers de la réclame.   

 

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- Ca sent le pipi, un peu…   

C'est tout ce que trouve à dire un Octave fébrile quand sa copine (l'hyper sexy Vahina Giocante!) lui offre un test de grossesse positif pour la Saint-Valentin. Le film n'oublie pas de faire sacrément marrer. Normal, avec Nicolas et Bruno (les responsables de la pilule TV culte "Message à caractère informatif") aux scénario et dialogues, et un Jean Dujardin en mode "Beigbe-Brice", recyclant la nonchalance capillaire, l'immaturité et l'arrogance de son surfeur mytho blond dans le corps d'un dandy cocaïné effrayé par la paternité.

 
- On le vend à qui le yaourt, putain !!??

Grands moments que les deux scènes de réunion magnifiquement filmées lors desquelles Octave, Charlie (le très regretté Jocelyn Quivrin) et Jeff, le commercial (excellent Patrick Mille) présentent leur projet face à Duler, l'impitoyable et acerbe directeur marketing de Madone génialement interprété par Nicolas Marié.
Une oeuvre résolument code-barrée fustigeant un monde qui aime s'astiquer en manipulant les masses, pouvant aisément dérouter dans le paisible paysage du cinéma français. A la sortie du film en 2007, le traditionnel critique pisse-vinaigre a sorti de son placard à phrases toutes faites la sentence: "le film incarne ce qu'il dénonce". Outre l'envie de hurler au secours pardon, que répondre si ce n'est: oui, et alors??

C'est même assumé à 200%.

 

Le film recycle toute une flopée de gimmicks de spots publicitaires (qui eux-mêmes rappelons-le s'inspirent très largement du cinéma): patchwork de vignettes, virgules intrusives, synthé qui défilent à vitesse illisible en bas du cadre (lisez-le image par image, ça vaut le coup), images clipées et léchées (hélas plombées par un transfert HD granuleux et fadasse) avec nanas bombesques sur fond de musique électro…Tiens à propos de musique, je vous parie même un pack de yaourts - en même temps c'est un peu con puisqu'on ne le saura jamais - que si l'histoire s'était déroulée de nos jours, le film aurait aligné un bon paquet de titres rock (en effet, de toute évidence les pubards se sont récemment rendu compte que le rock était pas mort en fait et que c'était même super chouette pour vendre du parfum ou une voiture).

 

On peut aussi s'amuser à appuyer sur pause quand Octave s'habille et que les descriptions des vêtements s'incrustent dans l'image. Exemple: "Chemise blanche". Ce type de séquences n'est pas très original. David Fincher l'a déjà fait dans Fight Club. Les cinéastes ont des idées, les publicitaires les reprennent, voilà pourquoi nous nous sommes permis de fonctionner de cette manière dans ce film de cinéma décrivant l'univers mental d'un publicitaire." Donc oui, le film s'assume totalement comme un reflet de son époque. Même qu'on a droit à deux fins pour le prix d'une! Alors à vous de choisir! Et oui nous sommes des consommateurs avant tout. Des cibles. Grossièrement identifiées, comme si elles étaient profilées à la truelle de la réunionite marketing. Quoi de mieux que d'imiter - donc incarner puisque c'est du cinéma - pour se moquer ou dénoncer?

 

 

 

Spinaltap,

 

 

 

 

 

 

 

Méga-promo ! 

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2007

 

1H40

 

 

LE BLU-RAY         La HD manque de relief ? vous vous sentez le grain envahissant et le contraste fadasse ? Un seul remède ! la remastérisation en profondeur! (et pourquoi pas à l'occasion de la sortie Blu-ray de la suite?) Avis aux éditeurs! Dans l'immédiat, un peu mieux que le DVD mais vraiment à peine. La préhistoire du Blu-ray.

 

 

Director:

Writers:

(screenplay) (as Nicolas) , (screenplay) (as Bruno) , 2 more credits »

Stars:

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27/08/2015
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